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Airbus peut-il vraiment fournir le Pentagone?

Airbus reste pour le moment sur plusieurs échecs avec le Pentagone.

Airbus reste pour le moment sur plusieurs échecs avec le Pentagone. - -

Le groupe européen a indiqué, ce mardi 10 septembre, vouloir devenir "un maître d'œuvre" des Américains. Si l'entreprise a fait plusieurs efforts pour s'attirer les faveurs du Pentagone, tout n'est pas gagné pour autant.

EADS est confiant. Le directeur de la stratégie et du marketing de la maison-mère d'Airbus, Marwan Lahoud, a indiqué ce mardi 10 septembre que son groupe vise la place de "numéro un mondial de l'aérospatial dans le monde". Pour arriver à ce dessein, le groupe compte devenir "un maître d'œuvre" du Pentagone.

Mais cet objectif ne sera pas simple à atteindre. Washington n'est pas friand de groupes dont une partie du capital est détenue par des Etats, ce qui est le cas d'EADS.

Ainsi, l'entreprise, si elle équipe déjà l'armée américaine en hélicoptères via sa filiale Eurocopter, est restée sur un échec avec Airbus. "Les lobbys américains ont déjà fait annuler une commande d'avions ravitailleurs en 2007, de près de 35 milliards dollars", rappelle Thomas Picherit, analyste du secteur aéronautique chez Alphavalue. En 2011, Boeing a ravi à l'entreprise un autre de contrat de ce type.

La Russie est sortie du capital

La fusion avortée, l'année dernière, avec le groupe BAE Systems, était un moyen d'accéder indirectement à l'immense marché que représente la Défense américaine. Pour traiter avec le Pentagone, les industriels de l'aéronautique doivent en effet signer un accord dit "SSA" ("Special Security Agreement"). BAE Systems possède un accord de ce type avec les Etats-Unis. Ce qui n'est pas le cas d'EADS.

Le groupe dirigé par Tom Enders a récemment entrepris plusieurs opérations de nature à séduire Washington. Il a tout d'abord posé, le 8 avril, la première pierre d'une usine à Mobile (Alabama), dont la production doit démarrer en 2015. "Il s'agit de montrer que EADS et sa filiale Airbus sont de plus en plus américaines", expliquait alors à BFMbusiness.com Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities. Surtout, le "SSA" impose aux entreprises d'avoir des unités de production "Made in USA".

Ensuite, la banque russe VEB s'est, le 16 août, retirée du capital du groupe. Or VEB n'est autre que le bras financier du Kremlin. "La sortie du capital de l'actionnaire russe et l'implantation de la chaîne d'assemblage en Alabama sont des éléments qui vont dans le sens du Pentagone", abonde Thomas Picherit.

Le problème des brevets

Reste un obstacle: les brevets. "La propriété intellectuelle doit rester aux Etats-Unis. Si cela ne pose pas de vrai problème sur le civil, c'est évidemment plus compliqué sur le militaire", explique Thomas Picherit.

Même si EADS s'est libéré d'une grande partie des pressions étatiques en revoyant en profondeur sa gouvernance, on imagine mal Paris et Berlin, qui détiennent toujours 24% du groupe, faire l'impasse sur ce dernier point.

Julien Marion