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Alcatel-Lucent: "les décisions difficiles sont devant nous"

Le nouveau PDG a critiqué les méfaits de la concurrence, à rebours de la position historique du constructeur

Le nouveau PDG a critiqué les méfaits de la concurrence, à rebours de la position historique du constructeur - -

Des mesures de restructuration seront annoncées cet automne, a indiqué Michel Combes vendredi 6 septembre sur BFM Business. Le nouveau PDG a estimé qu'il y avait trop d'opérateurs mobiles en France.

Alcatel-Lucent présentera des mesures de restructuration "à l'automne", a indiqué son PDG Michel Combes vendredi 6 septembre sur BFM Business.

Il a refusé de donner le moindre détail, déclarant seulement: "les efforts et les décisions difficiles sont encore devant nous". Il a rappelé que son entreprise "a perdu depuis 10 ans 800 millions d'euros de cash par an".

Toutefois, il a estimé que la France est "compétitive" en matière de recherche et développement (R&D). "Les mesures prises par le gouvernement pour favoriser la recherche réduisent le coût de la R&D, et rendent la France compétitive. Certes, le coût du travail est évidemment un élément [à considérer, NDLR], mais parmi d’autres: il y a aussi la qualité des infrastructures, de la formation... En France, la qualité de la formation est un élement encore plus prépondérant".

"L'Europe est passée à côté de la 4G"

Surtout, "il est important pour nous d’avoir des clients [opérateurs] qui retrouvent des capacités d’investir. Nous l’avons en Asie et aux Etats-Unis, où il y a un cercle vertueux où les opérateurs investissent. Mais si vous avez acteurs qui ne gagnent pas suffisemment d’argent, et qui ne peuvent pas investir, vous n’aurez jamais les infrastructures de demain", a plaidé Michel Combes.

Il a notamment donné l'exemple de la nouvelle génération de téléphone mobile, la 4G. "L’Europe est clairement passé à côté: il y a seulement 1% de clients 4G, alors que la 4G explose aux Etats-Unis ou en Asie".

Trop d'opérateurs mobiles en France

Le nouveau PDG du constructeur a estimé qu'il y avait trop d'opérateurs en France. "Il y a probablement un nombre d’acteurs un peu trop important sur le marché français. La France est allée à l’envers du mouvement qu’on voit un peu partout. Aux Etats-Unis, en Asie, et dans les autres pays européens, on a vu une réduction du nombre d’acteurs par une consolidation. Nous avons choisi le chemin inverse il y a 18 à 24 mois. Une consolidation sera donc probablement inéluctable dans les années à venir".

Selon lui, l'accord d'itinérance entre Free et Orange, ou celui sur le partage de réseau entre SFR et Bouygues sont déjà "une forme de consolidation. Car il est difficile de construire quatre réseaux totalement concurrents sur le territoire national".

Les méfaits de la concurrence

Selon Michel Combes, "la régulation a joué un rôle majeur [dans cette situation]. La régulation a été placée sous l’auspice du consumérisme, et donc des prix toujours plus bas. Or la concurrence sur les seuls prix limite l’innovation".

Le nouveau PDG a donc "appellé de ses vœux une consolidation, qui sera une formidable opportunité pour Alcatel-Lucent". Il a jugé "très intéressantes" les récentes déclarations du commissaire européen à la concurrence Joaquin Almunia, qui "s'est déclaré favorable à une consolidation des acteurs en Europe, ce qui permettrait de faire redémarrer l’investissement. C’est ce dont nous avons besoin".

Il a déploré que que "le paysage européen soit très fragmenté, avec plus de 100 opérateurs, contre 4 ou 5 aux Etats-Unis. Cherchez l’erreur!"

Jamal Henni