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Patrick Drahi a approché Bouygues Telecom pour un rachat

Bouygues telecom, nouvelle proie d'Altice?

Bouygues telecom, nouvelle proie d'Altice? - Eric Piermont - AFP

Le principal actionnaire de Numericable étudie un rachat de Bouygues Telecom. Il a pris de premiers contacts en ce sens avec le groupe de BTP, mais aussi avec Free, qui l'a éconduit.

Patrick Drahi a toujours un coup d'avance. Le principal actionnaire de Numericable boucle à peine le rachat de SFR qu'il pense déjà à l'étape d'après: racheter Bouygues Telecom.

Acclamé par la bourse

Ce projet est encore embryonnaire. Aucune offre n'a été faite. "Une offre pourrait être formulée dans quelques mois", suppose un acteur du dossier. Mais le roi du câble a déjà envoyé quelques émissaires tâter le terrain, notamment auprès de Bouygues, mais aussi de Free.

Un tel rachat présenterait moult avantages, qui font qu'il serait soutenu avec enthousiasme par les marchés, et facilement finançable.

D'abord, une telle fusion générerait d'importantes synergies. Ensuite, le passage de quatre à trois opérateurs calmerait fortement la guerre des prix dans le mobile et dans le fixe.

Enfin, Patrick Drahi mettrait ainsi la main sur le réseau de Bouygues Telecom, qui a deux gros avantages par rapport à celui de SFR: le déploiement de la 4G est bien plus avancé, et la qualité de service est meilleure. "Faire remonter la qualité de service du réseau de SFR va être long et coûteux", pointe un proche de Patrick Drahi.

Niel éconduit Drahi 

Reste qu'un tel projet doit surmonter plusieurs obstacles de taille. D'abord, Martin Bouygues, après avoir voulu vendre son opérateur mobile au printemps, a changé d'avis et dit ne plus être vendeur. Il parie que Bouygues Telecom pourra s'en sortir seul avec une structure de coûts allégée et des tarifs agressifs. Mais ce pari est risqué, et sa réussite non garantie. "Pour l'instant, Bouygues ne prend de clients à personne malgré ses tarifs agressifs", persifle un concurrent. 

Même si Martin Bouygues était à nouveau vendeur, reste un autre obstacle de taille: le gendarme de la concurrence. Ce dernier n'était prêt à envisager une fusion entre SFR et Bouygues que si un des deux réseaux était vendu à Free. "La consolidation ne peut pas se faire sans nous pour des raisons de concurrence. Le paysage à quatre opérateurs est donc là pour durer", résumait le fondateur de Free Xavier Niel le 4 novembre sur BFM Business.

Autrement dit, un rachat de Bouygues Telecom par Numericable SFR n'est possible que si Patrick Drahi trouve un accord avec Free. Or ce n'est pas gagné du tout. D'abord, les relations entre Patrick Drahi et Xavier Niel sont plus qu'exécrables: ils ne se parlent plus depuis plusieurs années. Surtout, chaque jour qui passe, Free continue de déployer son propre réseau, et a de moins en moins besoin de racheter un réseau clé en main. 

Mais Patrick Drahi a quand même tenté sa chance, et envoyé ces derniers mois plusieurs émissaires auprès de Xavier Niel, qui les as tous éconduits...

"Acheteur naturel" de Bouygues Télécom

Jeudi, Dexter Goei, le bras droit de Patrick Drahi, a assuré lors d'une conférence organisée par Morgan Stanley: "nous nous considérons comme les acheteurs naturels (de Bouygues Telecom). Nous avons une importante base de revenus donc il y aurait un important potentiel de synergies". Le directeur général d'Altice a ajouté: "Si nous recevons un coup de téléphone de Bouygues, alors pourquoi pas ? Nous aurons cette discussion. Je serais surpris s'il n'y avait pas d'effort en 2015 pour que la consolidation en France se fasse". Il a précisé qu'il n'aurait pas besoin de procéder à une augmentation de capital pour un rachat de Bouygues Telecom.

Interrogé, Free s'est refusé à tout commentaire. De son côté, Bouygues a renvoyé sur sa position du printemps: "Bouygues réaffirme que sa filiale Bouygues Telecom est en mesure de poursuivre sa stratégie stand alone".

Jamal Henni