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Arnaud Lagardère absent de l'AG d'EADS dont il devient président

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AMSTERDAM/PARIS (Reuters) - Arnaud Lagardère n'a pas assisté à l'assemblée générale d'EADS entérinant sa nomination à la présidence du conseil d'administration du groupe, seule fausse note d'une transition managériale pacifique, loin des querelles franco-allemandes qui ont marqué l'histoire du groupe au début des années 2000.

L'absence du flamboyant homme d'affaires, dont le groupe est actionnaire d'EADS et qui représente les intérêts de l'Etat français au sein du groupe d'aérospatiale et de défense, a surpris les actionnaires réunis à Amsterdam.

Un porte-parole du gérant commandité de Lagardère a expliqué qu'il cherchait à ne pas gêner son prédécesseur, l'Allemand Bodo Übber, directeur financier de l'autre actionnaire industriel d'EADS, le constructeur automobile Daimler.

En vertu de l'accord conclu en 2007 entre la France et l'Allemagne sur la rotation des principaux postes d'EADS, Arnaud Lagardère devient ainsi le nouveau président du conseil d'administration du groupe d'aérospatiale et de défense.

"Arnaud Lagardère considère que c'est Bodo Übber qui en est toujours le président. Tant qu'Arnaud Lagardère n'a pas été nommé, il revient légitimement à Bodo Übber de le présider", a dit un porte-parole d'Arnaud Lagardère. "Nous ne souhaitons en rien interférer pour cette dernière journée."

Bodo Übber s'est quand à lui dit "désolé" de l'absence de son successeur.

"M. Lagardère s'est excusé hier soir et il a dit qu'il avait des choses importantes à faire", a-t-il expliqué aux actionnaires lors de l'assemblée générale, en partie retransmise sur internet.

Le premier conseil d'administration de la nouvelle équipe aura lieu sous la forme d'une conférence téléphonique à 15h00.

Tom Enders succède à Louis Gallois à la présidence exécutive d'EADS. L'Allemand cède la tête d'Airbus au Français Fabrice Brégier, qui était jusque-là son numéro deux.

Tout signe de retour des tensions managériales serait jugé malvenu par les investisseurs, qui ont salué les commandes record d'Airbus par une hausse du cours de l'action EADS, soulignent des analystes.

Daimler contrôle 22,5% du capital d'EADS - dont l'Etat allemand compte racheter 7,5% -, l'Etat français 15% et Lagardère 7,5%, chaque camp détenant 22,5% des droits de vote.

ACTIONNARIAT EN MOUVEMENT

La nouvelle équipe devra probablement se pencher sur un changement de gouvernance, une question dont Arnaud Lagardère avait rappelé début mai qu'elle relevait des actionnaires du groupe et non pas de sa direction.

Louis Gallois a notamment indiqué qu'EADS étudiait des solutions pour continuer à se protéger d'OPA hostiles tout en permettant à ses actionnaires industriels de réduire leurs participations.

"La présence de participations des Etats est perçue négativement par le marché. Les intervenants préfèreraient qu'elles soient moins élevées", a souligné Edward Stacey, analyste chez Espirito Santo Investment Bank.

Arnaud Lagardère, dont la stratégie prévoit de céder les participations minoritaires de son groupe, avait réaffirmé à Reuters début mai qu'il attendrait que le programme du long courrier A350 d'Airbus soit stabilisé pour envisager un désengagement du capital d'EADS.

L'action EADS gagne 1,40% à 27,45 euros vers 14h05. Elle a pris 38% depuis le début de l'année, une hausse qui s'ajoute au bond de 22% engrangé en 2011.

Louis Gallois a dit que le groupe était de plus en plus confiant dans ses perspectives pour 2012 mais qu'il est encore trop tôt pour modifier ses prévisions.

EADS vise pour 2012 un Ebit avant éléments non récurrents supérieur à 2,5 milliards d'euros et une hausse supérieure à 6% de son chiffre d'affaires, avec environ 570 livraisons d'Airbus.

Tom Enders a de son côté souligné qu'EADS se concentrerait sur l'amélioration à la fois de son chiffre d'affaires et de sa rentabilité.

Edité par Jean-Michel Bélot