BFM Business
Services

Révolution de palais à la tête de SoLocal, l'ancien PagesJaunes

Le directeur général Jean-Pierre Rémy sert de victime expiatoire aux petits porteurs

Le directeur général Jean-Pierre Rémy sert de victime expiatoire aux petits porteurs - AFP Bertrand Guay

Après le directeur général Jean-Pierre Rémy, le président du conseil d'administration Robert de Metz annonce son départ, espérant calmer la fureur des petits porteurs.

Mise à jour le 13 juin: le président du conseil d'administration Robert de Metz a annoncé en assemblée générale qu'il quitterait ses fonctions "au plus tard le 5 septembre"

[Article initialement publié le 12 juin] Le 31 mai, SoLocal a annoncé le départ de Jean-Pierre Rémy, son directeur général depuis huit ans. L'ex-PagesJaunes a précisé qu'il ne touchera ni bonus, ni golden parachute. Car son contrat lui donnait droit à un golden parachute d'un an de salaire sous condition de performances. Mais aussi à une retraite chapeau et une indemnité de non concurrence d'un an de salaire. Un chasseur de têtes a été mandaté pour lui trouver un successeur.

Ce départ a dû satisfaire moult petits porteurs, qui jugent Jean-Pierre Rémy responsable de la débâcle de l'entreprise. Sous son magistère, le cours de bourse est passé de 120 à 1 euro, le chiffre d'affaires a reculé d'un tiers (de 1,2 milliard d'euros à 800 millions), et l'excédent brut d'exploitation a été divisé par 2,5 (de 535 à 200 millions). "La stratégie de Jean-Pierre Rémy a été désastreuse, déplore un petit porteur. Il s'est appuyé sur des partenariats avec les géants du web américains. Résultat: l'audience directe a cessé de croître. SoLocal est devenu dépendant d’une audience qu’il ne maîtrise plus, et a perdu la maîtrise de ses utilisateurs et de ses clients. Aujourd’hui, SoLocal perd près de 30.000 clients par an, et ce rythme s’accélère".

AG agitée

Ce départ intervient peu avant l'assemblée générale des actionnaires, qui se tient mardi 13 juin à 16h30 à la bourse de Paris, et s'annonce agitée. Mais il n'est pas sûr que cette victime expiatoire suffise à calmer les actionnaires minoritaires.

Beaucoup réclament une autre tête: celle du président du conseil d'administration Robert de Metz. Une résolution en ce sens a été déposée par Benjamin Jayet (principal actionnaire avec 6% du capital fin 2016), son associé Philippe Besnard, ainsi que Pierre-Henri Leroy (président du cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest). "L’action a perdu 83% de sa valeur depuis la nomination de Robert de Metz", justifie la résolution

Robert de Metz, énarque de 65 ans, a notamment été directeur général adjoint de Vivendi chargé des fusions & acquisitions entre 2002 et 2007, puis président de Dexia. Il a d'abord conseillé la direction de SoLocal (une mission pour laquelle il a reçu 400.000 euros), puis a pris la présidence du conseil d'administration en novembre 2014. Il a sauvé ce poste de justesse l'an dernier, une résolution demandant sa révocation recueillant 48,33% des voix. 

Distribution d'actions trop généreuse

La résolution des minoritaires juge aussi trop généreux un plan d'attribution d'actions gratuites à 200 cadres dirigeants. Initialement, ce plan représentait jusqu'à 6% du capital (soit 40 millions d'euros), dont 2,1% (soit 14 millions d'euros) pour les mandataires sociaux, qui étaient jusqu'à présent Jean-Pierre Rémy et le directeur général délégué Christophe Pingard. Et il suffisait que l'action dépasse 1,53 euro par action pour que ces actions puissent être attribuées... Face au tollé, la direction a fait machine arrière et propose désormais un plan moins généreux. Il pourra seulement aller jusqu'à 1,9% du capital, dont 0,7% pour les mandataires sociaux. Et il sera mis en place uniquement si le cours dépasse 1,81 euro dans trois ans.

Rappelons que SoLocal sort d'une restructuration financière douloureuse. Elle a fait passer la dette de 1,16 milliard à 400 millions d'euros. En échange de cet abandon, les créanciers (essentiellement des fonds spéculatifs) ont obtenu 37% du capital, suite à un bras de fer homérique avec les actionnaires.

Jamal Henni