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Atos se replace dans la course mondiale aux supercalculateurs

"Avec son ordinateur Bull Sequana, Atos accélère sur le marché mondial des supercalculateurs capables de traiter d'énormes masses de données pour la science ou l'industrie. Ses grands rivaux sont américains ou japonais."

Absente des ordinateurs petits, moyens et gros, la France tient encore un prétendant mondial dans les ordinateurs ultra-puissants. Face à une concurrence essentiellement japonaise (Fujitsu) ou américaine (HP, Cray, IBM, Silicon Gaphics), Atos, seul européen sur ce marché, tient son rang de constructeur mondial en présentant son supercalculateur, le Sequana. Il s'est appuyé sur les équipes du constructeur informatique Bull, racheté en 2014, pour mettre au point un ordinateur dont la puissance de calcul serait "1.000 fois supérieure à celles des systèmes actuels", selon son concepteur.

Ce superordinateur pourra être en mesure, d'ici 2020, de calculer un milliard de milliards d'opérations par seconde. Ce chiffre donne le vertige au commun des mortels. Mais il parle aux chercheurs scientifiques ou de l'industrie dont les travaux de simulation numérique exigent des puissances de calcul en perpétuelle augmentation.

Ces calculateurs ultra-puissants sont utilisés dans la recherche scientifique universitaire, militaire ou spatiale, l'industrie aéronautique, pétrolière, automobile, pharmaceutique ou encore la prévision météorologique. La meilleure preuve que la concurrence est mondiale est que Total vient de s'équiper d'un supercalculateur développé par SGI, un des grands rivaux d'Atos, pour optimiser ses recherches de gisements pétrolifères ou gaziers.

Le premier client de Sequana sera le CEA

"Notre premier client est le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives) mais beaucoup d'autres sont déjà intéressés et migreront sur cette gamme, je pense notamment à l'industrie automobile", a déclaré Thierry Breton, PDG d'Atos, sur Europe 1.

Le défi technologique relevé par Atos a consisté à développer un ordinateur ultra-puissant, capable de tenir dans une petite pièce tout en réduisant sa consommation électrique, dix fois inférieure à celle d'un supercalculateur actuel. Le Sequana occupe l'équivalent de deux grandes armoires de 5 mètres carrés de surface au sol. La masse de ce supercalculateur, 9 tonnes, donne une idée de l'extrême densité des composants qui l'équipent.

Assemblé dans l'usine d'Angers du groupe, une des usines historiques de Bull, Sequana visera des marchés comme la médecine et le pharmacologie personnalisées, l'agriculture de précision ou encore la météorologie.

Atos vise de nouveaux marchés comme le big data

Dans ce dernier domaine, les prévisions météorologiques exigent en effet une précision géographique et temporelle toujours plus grandes, basées sur la prise en compte de paramètres à calculer, toujours plus nombreux.

Atos fait aussi le pari de la montée du traitement massif des données numériques, connu sous le terme de big data. Selon Gartner, d'ici 2017, les organisations exploitant les données métiers prédictives et d'amélioration de la performance, augmenteront leur profitabilité de 20%.

"En 2020, il y aura plus d’informations générées en un an qu’il y a de grains de sables sur la planète. Il faut pouvoir mettre en corrélation, en cohérence, un grain de sable avec un autre, pour pouvoir créer de l’information pertinente" explique Thierry Breton.

En France, Valeo, Safran, Dassault-Aviation, Thalès, Météo-France, les universités de Grenoble et Reims Champagne Ardenne, utilisent des supercalculateurs de Bull, de génération antérieure.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco