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Attendez-vous à du changement dans l'entreprise familiale

"Ces entreprises transmises de génération en génération pâtissent souvent d'une réputation conservatrice. Mais la nouvelle génération qui s'apprête à en prendre les commandes a bien l'intention de tout changer, selon une étude Deloitte. "

En Europe, 85% des entreprises sont familiales. Des sociétés créées par une génération qui les a transmises aux suivantes, et en a gardé le contrôle. Vous êtes nombreux à y travailler, et peut-être à partager les idées reçues pas toujours flatteuses les concernant. Elles seraient frileuses, conservatrices. Si c’était vrai, ce ne le sera bientôt plus.

Le cabinet Deloitte a interrogé une centaine de successeurs d’ETI familiales françaises et européennes. Cette génération est prête à tout chambouler: la stratégie, la façon de diriger… et même la priorité accordée à la famille dans l’entreprise. Si vous travaillez dans l’une d’elles, vous devriez le sentir.

Elles vont prendre des risques

À plus de 60%, ceux qui s'apprêtent à prendre les commandes veulent changer la manière de faire des affaires par rapport à leurs aïeux. Par exemple, désormais, ils vont aller chercher la croissance. Attention, ce n'est pas que la génération précédente ne voulait pas grandir, mais "elle restait sur ses gardes, notamment avec les nouvelles technologies", explique Christophe Saubiez, chargé des entreprises familiales chez Deloitte.

Là, les entreprises familiales "vont bien prendre le virage comme les autres". L'étude révèle en effet que contrairement à ses aînés, cette génération est prête à prendre des risques. Comme investir massivement pour prendre le virage numérique.

Plus besoin de porter le nom du patron

Deuxième bouleversement: la manière de diriger, que veulent modifier 80% des héritiers. Par exemple, vous n’aurez plus besoin de porter le nom du patron pour viser des postes de pouvoir. Chez Magimix, l’entreprise de petit-électroménager, on est partisan du directeur général externe, comme Hermès l'a fait avec Patrick Thomas. La nouvelle génération pense que cela peut faciliter les choses, et que les membres de la famille ne sont pas obligés d’avoir un rôle opérationnel.

De là à penser qu'ils ne veulent plus d’une entreprise si familiale que ça? L'étude montre qu'ils veulent toujours transmettre le bébé à la génération d’après. Et qu'ils tiennent à garder le contrôle de l’entreprise. Mais –c’est la dernière nouveauté- ils veulent bien s’ouvrir. 40% d’entre eux envisagent de faire entrer des personnes hors famille au capital. C’est particulièrement vrai en France où Deloitte dit voir émerger une vraie nouvelle culture. Les derniers nés s’aperçoivent qu’accepter des partenaires extérieurs fonctionne. Tout en gardant le contrôle et les valeurs familiales.

Nina Godart