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Au Royaume-Uni, la concurrence se réduit dans le téléphone mobile

Telefonica a vendu au conglomérat hongkongais Hutchison Whampoa, l'opérateur britannique O2 pour 14 milliards d'euros

Telefonica a vendu au conglomérat hongkongais Hutchison Whampoa, l'opérateur britannique O2 pour 14 milliards d'euros - AFP John D Mc Hugh

La balle est dans le camp des autorités britannique et européenne à la suite du retour de BT qui acquiert EE et du rachat d'O2 par Hutchison, déjà propriétaire de Three UK.

Le Royaume-Uni n'est plus la terre promise de la concurrence acharnée qu'elle fut dans la téléphonie mobile. En quelques années, ce marché est passé de 5 à 3 opérateurs actifs. Deux rachats successifs d'envergure recomposent le paysage du téléphone mobile, outre-Manche.

L'opérateur espagnol Telefonica a conclu la vente au conglomérat hongkongais Hutchison Whampoa pour 14 milliards d'euros, de l'opérateur britannique O2. Ce rachat donne naissance au plus gros opérateur mobile outre-Manche, fort de 31 millions de clients.

Hutchison parie sur cette future position dominante pour faire face à la concurrence dans un marché britannique en pleine recomposition. Les opérateurs y cherchent de plus en plus à proposer des offres triple ou quadruple play (téléphonie fixe/mobile, internet et télévision) avec retard, par rapport à la France, notamment.

Bruxelles devrait avoir à examiner le rachat d'O2

L'opération de rachat d'O2 devra toutefois être approuvée par les régulateurs de la concurrence concernés, à savoir la commission britannique CMA (commission and market authority) et la Commission européenne. Il est probable que cette dernière prendra la main sur ce dossier en raison de la dimension européenne du conglomérat Hutchison (qui possède des opérateurs en Irlande et en Italie, notamment).

Cet examen par Bruxelles risque de prendre pratiquement une année. Il est d'ailleurs prévu que le rachat d'O2 par le conglomérat hongkongais soit bouclé d'ici le 30 juin 2016, sauf en cas de circonstances particulières établies dans l'accord qui reporteraient cette date au 30 septembre 2016.

BT a racheté Everything Everywhere pour 17 milliards d'euros

Mais, la commission européenne devra aussi tenir compter de l'examen en cours, par la CMA, de l'autre grande opération de consolidation qui a lieu parallèlement outre-Manche. En effet, BT a conclu en février 2015 le rachat d'un autre opérateur mobile, EE (Everything Everywhere), pour 12,5 milliards de livre sterling (environ 17 milliards d'euros). Les vendeurs étaient Orange et Deutsche Telekom, qui en étaient les copropriétaires à parités égales.

Compte tenu de la concomitance des deux opérations de rachat, les autorités européenne et britannique de la concurrence devront travailler main dans la main pour en passer au crible les conséquences sur le marché.

Quelles concessions seront-elles exigées par Bruxelles ?

Pour Matthew Howett, consultant du cabinet anglais Ovum, cet examen pose plusieurs questions : "quelles concessions supplémentaires ces autorités de la concurrence vont-elles exiger sachant que le marché des opérateurs mobiles virtuels au Royaume-Uni est déjà très actif ? Elles souhaiteront préserver le comportement de challenger qu'a su développer Three UK mais quelle forme cela prendra-t-il ?".

Le mouvement de consolidation entre opérateurs mobiles a déjà eu plusieurs précédents en Europe. Hutchison avait déjà absorbé en 2014 la filiale irlandaise de Telefonica, pour 850 millions d'euros, afin de fusionner ses activités avec celles de Three Ireland.

La Commission de Bruxelles a aussi validé, en juillet 2014, le rachat, en Allemagne, du quatrième opérateur, EPlus, par son rival O2 (propriété de Telefonica). Cette autorisation avait été assortie de conditions drastiques destinées à préserver la concurrence outre-Rhin. 

Frédéric Bergé