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Audiovisuel extérieur: le CSA se prononce pour Marie-Christine Saragosse

Le siège de fRance 24 à Issy-les-Moulineaux

Le siège de fRance 24 à Issy-les-Moulineaux - -

Le gendarme de l'audiovisuel recommande de nommer la directrice générale de TV5 à la direction de RFI et France 24.

Mise à jour jeudi à 18h

Après avoir auditionné huit candidats à huis clos durant deux jours, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a fait son choix. Il va recommander au gouvernement de nommer Marie-Christine Saragosse à la présidence de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF, la holding qui détient France 24, RFI et 49% de TV5 Monde). La directrice générale de TV5 Monde depuis 2008 partait d'emblée comme favorite: ses qualités tant professionnelles que personnelles font l'unanimité. Née en 1960 en Algérie, arrivée en France à l'âge de 4 ans, diplômée de l'ENA, elle a effectuée une large partie de sa carrière au Quai d'Orsay, tout en étant entre 1991 et 1993 conseillère technique au cabinet de Catherine Tasca au ministère de la francophonie. Elle connaît bien le sujet pour avoir déjà été numéro deux de TV5 de 1997 à 2005. Elle vient aussi de publier son premier roman: "Temps ensoleillé avec fortes rafales de vent", aux éditions Erick Bonnier. Un titre prémonitoire vu les difficultés qui l'attendent à l'AEF...

Les septs autres candidats auditionnés étaient:
François Desnoyers, ancien directeur général délégué aux antennes de Radio France; Thierry Le Roy, énarque, conseiller d'Etat, président de l'Office du tourisme et des congrès de Paris, directeur de cabinet de Jack Lang au ministère de la Culture entre 1984 et 1986; Jean Lesieur, ancien directeur de la rédaction de France 24; Marc Olivier, ancien président du directoire de TV Numeric; Jean-Marc Bordes, ancien directeur général délégué de l'INA; Christian Charpy, ancien directeur de Pôle Emploi et ancien directeur général de RFI; et Frank Melloul, directeur de la stratégie de l'AEF, ancien conseiller de Dominique de Villepin à Matignon, et candidat malheureux à l'investiture UMP pour l'élection du député représentant les Français vivant en Suisse.

Par ailleurs, trois personnes ont publiquement déclaré renoncer à être candidats: Martin Ajdari, directeur général délégué aux finances de France Télévisions; Marc Tessier, ancien président de France Télévisions; et Ghislain Achard, conseiller technique à l'Elysée sous François Mitterand, ancien directeur général de France Télévisions, qui a déclaré se postionner pour la direction de TV5.

Enfin, quatre autres noms ont circulé, sans finalement aboutir à une audition: Valérie Lecasble, ancienne directrice générale d'iTélé, Claude Sérillon, proche de François Hollande, qu'il conseilla durant la campagne, Christian Dauriac, directeur de la rédaction de la RTBF, et Marc Schwartz, ancien directeur général adjoint de France Télévisions;

La politique de la terre brûlée de Pouzilhac

La nomination d'un nouveau président a été rendue nécessaire par la démission d'Alain de Pouzilhac le 12 juillet. Selon la loi adoptée sous Nicolas Sarkozy, c'est l'Elysée qui devait nommer un nouveau président. Mais François Hollande a promis de rendre ce pouvoir au CSA. Toutefois, un nouveau texte n'ayant pas encore été voté, l'Elysée a demandé au CSA de lui proposer un nom.

Officiellement, Alain de Pouzilhac a démissioné pour exprimer son désaccord avec la stratégie du nouveau gouvernement. Mais il apparait aujourd'hui que l'ancien publicitaire n'aurait peut être pas non plus survécu à une réélection de Nicolas Sarkozy. En effet, ses rapports avec le gouvernement précédent avaient fini par devenir exécrables. "Nous avons envisagé de nous séparer de Pouzilhac, mais la loi imposait d'avoir pour cela un avis favorable du CSA et du parlement, ce qui n'était pas gagné", confie un ancien conseiller.

Les rapports étaient devenus si mauvais que l'ancien gouvernement avait décidé de frapper Alain de Pouzilhac au portefeuille, en lui versant seulement un tiers du salaire variable qu'il pouvait espérer. En effet, l'ancien PDG avait droit à un salaire fixe (18 500 euros nets par mois), mais aussi à un salaire variable (pouvant atteindre jusqu'à un tiers du salaire fixe), indiquent des sources internes.

Le désaccord avec l'ancien gouvernement portait surtout sur le budget pluri-annuel de l'AEF, appelé "contrat d'objectifs et de moyens" (Com) dans le jargon administratif. Les discussions sur ce Com avaient été entamées en 2009 sans jamais aboutir en raison de l'opposition d'Alain de Pouzilhac. Finalement, en avril 2012, soit juste avant les éléctions, un Com couvrant 2011 à 2014 avait été finalisé. Mais Alain de Pouzilhac a refusé de le signer.

Pourtant, selon ce dernier projet, la subvention versée par l'Etat à l'AEF serait passée de 314,2 millions d'euros en 2012 à 306,3 millions en 2013 et 2014. soit un recul moins fort que celui arbitré précédemment... Interrogés, ni l'AEF ni Alain de Pouzilhac n'ont répondu.

Jamal Henni