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Automobile : le haut de gamme français condamné par le bonus-malus ?

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Le nouveau barème du bonus-malus écologique pour les automobiles prévoit jusqu'à 6.000 euros de pénalité, selon le projet de loi de finances présenté vendredi. De quoi ruiner les espoirs de l'industrie automobile française de se relancer dans le haut de gamme.

3.000 euros de malus sur une Citroën C5 V6 HDi ou une Renault Latitude V6 DCi, 1.500 euros sur un Renault Espace 2.0 Dci ou encore 2.000 sur un 5008 2.0 HDi 163 BVA. Les rares et timides incursions des constructeurs français dans le haut de gamme semblent désormais condamnées si le projet de loi de finance dévoilé vendredi était appliqué tel quel. Jamais les pénalités n’auront été aussi élevées ni déclenchées aussi tôt. Dès 135 g/km, il faudra s’acquitter d’un malus allant de 100 à 6.000 euros !

Alors que l’on évoquait un projet Renault sur base Mercedes Classe E et que Citroën présente au Mondial sa DS "numéro neuf", les ambitions des constructeurs français dans le segment Premium pourraient être stoppées net. Déjà en retard dans le développement de moteurs puissants et de boîtes de vitesses automatiques et à double embrayage, les constructeurs nationaux risquent cette fois d’abandonner totalement le seul créneau rentable, celui du haut de gamme.

Menace sur les emplois

La nouvelle grille de l’écotaxe va en effet provoquer un basculement du marché vers les segments A et B, celui des citadines, traditionnellement peu générateur de marge et où le prix de vente reste le principal critère de choix. Des voitures désormais fabriquées en grande partie dans les pays de l’Est ou au Maghreb, où la main d’œuvre est moins chère. Le risque est ainsi de pénaliser un peu plus encore l’industrie française et les emplois.

"A terme, ce sont des centaines d’emplois qui risquent de disparaître dans notre réseau, chez nos fournisseurs français, nos sous-traitants et nos transporteurs", explique Lucien Lacroix, directeur commercial de Lada France, qui se déclare "choqué et en colère" par l’annonce de ces nouvelles mesures. "La survie de notre marque en France est clairement menacée", poursuit-il. Toutes les voitures du constructeur russe sont en effet soumises à l’écotaxe : la très économique Lada Priora (8.990 euros) se retrouverait ainsi pénalisée de 1.000 euros. Pire encore, le célèbre Niva 4x4, vendu à partir de 9.990 euros, subirait 6.000 euros de malus, soit 60% du prix de vente.

Quand le bonus-malus aggrave la crise

Du côté des constructeurs allemands, spécialistes du haut de gamme, on préfère pour l’instant ne pas s’exprimer officiellement. "On s’adaptera", confie un responsable d’une de ces marques. Mais officieusement, les constructeurs premium déplorent la précipitation et la brutalité de cette mesure qui "est déconnectée de la réalité et des contraintes techniques. On a déjà énormément progressé sur les rejets de CO2, on ne peut pas faire de miracle dans des délais aussi courts".

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