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Automobile : qui sont les champions de la rentabilité ?

Surprise ! C'est Suzuki qui détient la marge la plus élevée du secteur automobile mondial devant BMW, aux termes d'une année 2018 complexe.

Surprise ! C'est Suzuki qui détient la marge la plus élevée du secteur automobile mondial devant BMW, aux termes d'une année 2018 complexe. - KAZUHIRO NOGI / AFP

Une étude EY révèle le classement 2018 des constructeurs automobiles les plus rentables. L'inflation des investissements en R&D chamboule un ordre jusque-là bien établi.

Dans le secteur automobile, conserver ses marges devient un combat de plus en plus difficile. Les dizaines de milliards d'euros d'investissements engagés par les grands constructeurs pour avancer vers l'automobile du futur (électrification, autonomie, émissions polluantes, nouvelles mobilités) continuent de peser sur leur rentabilité, au point de chambouler des équilibres vieux de plusieurs années. Une tendance qui devrait se confirmer dans les années à venir, au rythme de l'accélération des dépenses (R&D, mais aussi marketing et restructurations). Qui sont donc les champions de la rentabilité en 2018?

1 - Suzuki

Surprise ! Le Japonais s'impose comme le constructeur doté de la meilleure marge, à 9,6%. Elle recule pourtant sur un an, puisqu'elle était de 9,8 en 2017. Mais Suzuki bénéficie de l'érosion de la rentabilité du champion allemand BMW pour se hisser sur la première marche du podium. Gamme relativement réduite et basique, production dans des pays à bas coût de main d'oeuvre (notamment en Inde, où Suzuki est même leader du marché avec son allié local Maruti) et peu de dépenses en recherche et développement, Suzuki ayant fait le choix du strict minimum notamment en terme de technologies d'électrification. Revers de la médaille, le constructeur est l'un des plus vulnérables aux pressions réglementaires autour des émissions de CO2, sa moyenne étant parmi les plus élevées du marché mondial.

2 - BMW

La rentabilité proverbiale du constructeur premium allemand (numéro 1 depuis de longues années) n'est plus ce qu'elle était. L'inflation des coûts de R&D, la forte baisse du marché chinois et la guerre des prix sur le premium en Europe et aux Etats-Unis ont eu un effet sensible sur la marge, qui chute de 10,1 à 9,4% en un an. La tendance pourrait même perdurer, avec une électrification progressive de la gamme qui va rendre plus compliquée la recherche des équilibres de prix. La gamme BMW, très foisonnante en versions et variantes, va d'ailleurs être rationalisée ces prochaines années pour réduire les coûts de production et simplifier la gestion de l'outil industriel.

3 - Toyota

Le géant japonais en revanche et l'un des grands gagnants de l'année 2018. Sa marge est bien remontée en un an, de 7,6 à 8,5%. Sa maîtrise des technologies hybrides, amorties et devenues une forme de standard dans l'industrie automobile au point d'être désormais libres de droits, a des effets bénéfiques sur le mix-produit et le mix-prix de Toyota. Sa division de luxe Lexus arrive même à dynamiser la rentabilité, y compris sur les zones géographiques les plus difficiles du moment, notamment la Chine et les Etats-Unis.

4 - Daimler

Soumise aux mêmes défis que son concurrent BMW en termes d'investissements futurs, la maison-mère de Mercedes voit sa marge dégringoler de 2 points en un an, de 8,7 à 6,7%. C'est la plus forte baisse enregistrée parmi les grands constructeurs, hormis celle, spectaculaire, de General Motors, 10 ème du classement, avec une marge qui est passée de 7,3 à 4,6%.

5 - Renault

Même si le constructeur voit sa marge baisser un peu sur 2018, elle reste parmi les plus élevées du secteur, à 6,3% contre 6,6% en 2017. Peu de lancements commerciaux pour la marque, donc moins de frais marketing, des best-sellers récurrents (Clio et Captur), un niveau acceptable de dépenses de R&D et l'acquis de rentabilité de la marque Dacia permettent au groupe de bien résister. Celle de son allié Nissan recule en revanche de 5 à 4,4% (avec une baisse des ventes en Europe et une politique de priorité aux volumes aux Etats-Unis qui ont continué à peser), alors que celle de Mitsubishi avance de 4,5 à 4,8%.

6 - Peugeot

Des grands constructeurs mondiaux généralistes, Peugeot est celui qui aura le plus amélioré sa marge sur l'année 2018, gagnant un point, de 4,9 à 5,9%. Là aussi, des best-sellers (comme la 208) et une croissance impressionnante des modèles SUV (3008 et 5008) ont participé à l'amélioration de la rentabilité. La menace cette année pourrait être un tassement des ventes en Europe, alors que PSA doit investir pour son internationalisation.

7 - Volkswagen

Malgré des sommes colossales annoncées pour investir dans l'automobile du futur, le géant allemand, qui sortait de plusieurs années difficiles après le Dieselgate, arrive à maintenir sa rentabilité à 5,9% (6 en 2017). Une performance largement imputable à des ventes record sur l'année (grâce là aussi aux SUV notamment), réalisées avec le meilleur mix-prix et à un positionnement de gamme permettant de maintenir le niveau de qualité perçue.