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Autoroutes: "l'Etat va obtenir très peu de choses"

Jean-Paul Chanteguet, l'ex-rapporteur de la mission parlementaire sur les contrats des sociétés d'autoroute, était l'invité d'Hedwige Chevrillon ce mardi 10 mars.

Jean-Paul Chanteguet, l'ex-rapporteur de la mission parlementaire sur les contrats des sociétés d'autoroute, était l'invité d'Hedwige Chevrillon ce mardi 10 mars. - BFM Business

Jean-Paul Chanteguet, l'ex-rapporteur de la mission parlementaire chargée d'observer les contrats passés entre l'Etat et les sociétés d'autoroute, explique pourquoi il a claqué la porte lundi.

L'épineux dossier des concessions autoroutières s'apprête à connaître un épilogue. Au lendemain de la démission de son rapporteur, la mission de travail parlementaire, mandatée pour observer les contrats passés entre les sociétés d'autoroutes et l'Etat, rend ses conclusions ce mardi.

Selon Reuters, elles devraient préconiser la levée du gel des tarifs de péage. Cette mesure avait été prise fin janvier, alors que les tarifs des péages devaient augmenter en moyenne de 0,57% au 1er février. Les parlementaires de la mission écarteraient par ailleurs la piste d'une résiliation des contrats et appelleraient à la mise en œuvre sans délai du plan de relance autoroutier. Un plan bloqué par les négociations actuelles sur le régime des concessions autoroutières en France.

Le rapporteur de la mission d'information, qui en a claqué la porte lundi, a dénoncé une "parodie de consultation". Jean-Paul Chanteguet, qui est également président PS de la commission du Développement durable à l'Assemblée nationale, a évoqué ce mardi sur BFM Business une "décision mûrement réfléchie".

Le gouvernement nous a instrumentalisé

"J'ai simplement demandé une évaluation indépendante du scénario de la résiliation. Le gouvernement et la haute administration ont dit que cela n'était pas possible, pas réaliste, et même tout à fait irresponsable. Mais on ne m'a rien démontré. Je crois que le gouvernement voulait nous instrumentaliser, nous faire cautionner les propositions des SCA (sociétés concessionnaires d'autoroutes, ndlr) qui ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux. Je dénonce cette situation".

Autre engagement non tenu: seul "un rapport d'étape" devait être publié ce mardi. "Ce sera finalement un rapport conclusif. Compte tenu que le cahier des charges n'a pas été respecté, j'ai considéré que je devais partir".

Emmanuel Macron se trompe

Des efforts vont-ils être fais sur les tarifs autoroutiers? "Véritablement, j'en doute. Assez vite, il y aura de nouvelles hausses, comprises entre 0,27% et 1,41%. L'Etat va obtenir très peu de choses. On essaie de nous faire avaler des choses qui n'ont aucune réalité. Lorsqu'on nous dit que les SCA vont faire des efforts, ce n'est pas vrai", s'emporte le député.

Quant au ministre de l'Economie, qui promet que les SCA vont financer de nouvelles infrastructures, Jean-Paul Chanteguet émet des doutes. "Comment fait-il? Emmanuel Macron se trompe lorsqu'il laisse entendre qu'on va pouvoir financer les infrastructures de transport sans rien modifier aux contrats actuels".

Pour autant, Jean-Paul Chanteguet se défend d'être un "frondeur". "Je considère que les parlementaires ne sont pas correctement traités dans cette affaire. C'est inacceptable et anormal. Mon comportement n'est pas habituel. Cela dérange, cela choque, mais c'était l'objectif. Je n'ai aucun intérêt à faire parler de moi, ma carrière est derrière moi. Je suis loyal et solidaire, je vais voter la loi Macron. Mais je ne suis pas un godillot". 

N.G.