BFM Business
Culture loisirs

Avec ses jeux vidéo en illimité, Sony prépare-t-il la fin des consoles?

Sony a vendu 63 millions de sa PS4 dans le monde.

Sony a vendu 63 millions de sa PS4 dans le monde. - Joël Saget -AFP

Sony vient de lancer son service de jeu vidéo en streaming en France, qui permet d'accéder à un catalogue de 480 jeux pour moins de 17 euros par mois. Un nouveau mode de consommation qui, selon les analystes, pourrait bientôt signer la fin de l'ère des consoles.

Le "Netflix du jeu vidéo" a enfin traversé l'Atlantique. PlayStation Now, le service de jeux vidéo en streaming de Sony lancé en 2015 aux États-Unis, débarque aujourd'hui en France. Pour 16,99 euros par mois, le géant nippon propose un accès illimité à 480 jeux PS4 et PS3 disponibles instantanément depuis une console PS4 ou un ordinateur équipé du système d'exploitation Windows. Pour en profiter, les joueurs n'ont besoin que d'une connexion internet haut débit et d'une manette compatible (une DualShock). Ils peuvent en outre tester ce service gratuitement pendant 7 jours.

PlayStation Now est également disponible depuis quelque temps déjà au Japon, au Royaume-Uni, au Benelux ainsi qu'en Allemagne. Pourquoi un tel décalage avec la France? "Nous devions disposer d'un réseau internet suffisamment performant pour proposer une offre de streaming de bonne qualité pour le plus grand nombre", justifie Richard Brunois, directeur de la Communication de Sony Interactive Entertainment France.

Des acquisitions stratégiques

Ce nouveau service de streaming est une nouvelle manière de consommer des jeux vidéo. "Il s'adresse à des joueurs qui veulent tester plein de choses et qui n'ont pas forcément envie de s'engager sur un seul jeu qui coûte en moyenne 70 euros quand il s'agit d'une nouveauté", explique le dirigeant. Seul hic: les titres proposés sur PlayStation Now sont plutôt anciens. "Bien sûr, il n'y a pas toutes les nouveautés, mais les joueurs peuvent rejouer à des jeux emblématiques comme Red Dead Redemption, Uncharted ou encore Pac-Man qui ont fait le succès de la PS3", tempère Richard Brunois.

Une annonce en tout cas bien accueillie par les spécialistes du secteur: "Sony arrive à point nommé car le jeu vidéo en streaming représentait une menace pour les fabricants de consoles et les magasins physiques. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que le groupe a racheté deux spécialistes de cloud gaming (jeu vidéo à la demande) au cours des cinq dernières années, Gaikai et OnLive", confie Richard-Maxime Beaudoux, analyste chez Bryan Garnier.

"Sony prépare l'avenir"

Le groupe japonais tient depuis longtemps à être présent sur une activité à très fort potentiel et à se tenir prêt à toute éventualité, notamment la dématérialisation du jeu vidéo et à terme la disparition des consoles. "Sony prépare l'avenir", confirme le courtier, qui pense que "2020 pourrait soit voir naître une dernière génération de consoles avec des offres conjointes de cloud gaming, soit déjà signer la fin de l'ère des consoles".

Le futur du jeu vidéo s'articulera-t-il autour des abonnements et du streaming? "Si cela devait arriver, ce ne serait pas forcément pour tout de suite, car tous les jeux jouables en streaming sont en haute définition 720p alors que la majorité des jeux proposés aujourd'hui sont en 1080p voire en ultra-haute définition (4K). Il reste donc des étapes technologiques à franchir avant que le streaming devienne dans le jeu vidéo un mode de consommation majoritaire", affirme-t-on chez Sony.

63 millions de PS4 vendues dans le monde

En attendant, PlayStation Now assure à la firme technologique des revenus récurrents. Surtout, Sony continue à dominer nettement son marché. Depuis son lancement il y a un peu plus de trois ans, la PS4 s'est vendue à environ 63 millions d'exemplaires dans le monde, contre un peu plus de 33 millions pour sa concurrente, la Xbox One de Microsoft, et 6 millions pour la Switch de Nintendo.

"Nous voulons aller plus loin et atteindre les 100 millions de PS4 écoulées prochainement, en proposant de nouveaux services, de nouvelles manières de jouer, des jeux vidéo qui soient un peu plus casual (pour joueurs occasionnels, NDLR)", ambitionne Richard Brunois.

Notons enfin que les consoles actuelles de Sony (PS4) et Microsoft (Xbox One) ne sont pour une fois pas vendues à pertes. En effet, les fabricants de consoles ont utilisé des composants déjà existants sur le marché plutôt que de les produire eux-mêmes, ce qui a permis de réduire la facture.

Julien Mouret