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Award de la Performance à l'export: Corinne Molina, présidente du directoire de Mäder

Corinne Molina, Directeur général adjoint de Mäder.

Corinne Molina, Directeur général adjoint de Mäder. - -

Mäder: c’est le nom d’un des leaders mondiaux des peintures industrielles et des composites techniques qui aurait dû disparaître il y a vingt ans! Voici son histoire.

"J’ai reçu un appel de ma mère ; elle était désespérée. L’entreprise dans laquelle elle travaillait allait être rachetée, et sa fermeture était programmée." Corinne Molina se souvient comme si c’était hier du coup de téléphone à partir duquel l’aventure Mäder a démarré.

Nous sommes en 1993, à Maroeil, un petit village de 2 500 habitants dans le Pas-de-Calais. La société de peinture Corsain, le premier employeur de Maroeil, est en passe de disparaître. Une mobilisation s’organise.

"Tout le monde y est allé sans trop se poser de questions", se souvient Corinne Molina. Les cadres de l’entreprise, le premier client (un distributeur de la région), le maire du village, et le couple Corinne et Antonio Molina se cotisent. Ils réunissent les 25 millions de francs nécessaires au rachat. Les quatre-vingts emplois sont sauvés.

Autour d’Antonio et Corinne Molina, qui deviennent respectivement président et secrétaire générale de la société, commence alors un développement exceptionnel qui, en quinze ans, la fera passer de 10 à 180 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec une présence dans le monde entier.

De la France au monde

La première phase de croissance est française. L’entreprise réalise plusieurs acquisitions successives, et se spécialise dans les produits à fort contenu technologique, en particulier les peintures industrielles destinées au marché de l’aéronautique, de l’automobile ou du ferroviaire. Sur un train, "la peinture bleue qui pèle, ce n’est pas nous, c’est un concurrent!" s’amuse Corinne Molina.

Une fois la position française consolidée, la société se tourne vers l’Europe, et rachète en 2000 son équivalent suisse, Mäder, dont elle prend le nom. Mäder se développe ensuite en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Espagne. En 2005, direction la Chine, puis le Brésil.

Et il y a quelques semaines, le groupe a inauguré sa première usine en Inde. "Nos clients sont présents dans le monde entier. Nous avons fait le choix de les accompagner." Corinne Molina veut mettre les choses au clair: "Nous n’allons pas en Chine ou en Inde pour la main-d’œuvre à bas coût, mais pour servir le marché local."

Mäder veut que ses clients aient accès à ses produits dans le monde entier, sans frais de transport ni d’importation.
Le pari est réussi.

Aujourd’hui, le groupe fournit Toyota au Japon, Ford et ses équipementiers aux États- Unis, et livre Alstom jusqu’en Chine. Les peintures Mäder protègent les boosters de la fusée Ariane, habillent les tramways de Valenciennes et recouvrent le nez des avionsMirage et Rafale de Dassault.

A la pointe de l'innovation

Mäder investit 10% de son chiffre d’affaires dans la recherche et développement, et y dédie 16% de ses effectifs. La plupart des usines disposent de leur propre laboratoire de recherche.

Actuellement, Mäder travaille par exemple sur le projet Phiacre : le développement d’une peinture à destination du secteur aéronautique, pouvant résister à des hautes températures (jusqu’à 550°C), et respectant les nouvelles normes de santé et d’environnement.

D’une petite société de peinture qui aurait pu disparaître il y a vingt ans, les Molina ont fait un leader mondial. Mäder, c’était l’aventure d’un village, et d’un couple.

Cela pourrait bien devenir une aventure de famille. "Notre fils, à quatre ans, parlait de cash-flow… Oui, on parle un peu de Mäder à la maison !" admet Corinne Molina. Récemment, il a fait part de son envie de prendre la suite : "Je ne peux pas laisser tomber."

Dorothée Balsan