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Axa renonce à s'unir avec Natixis dans la gestion d'actifs

Thomas Buberl, le directeur général d'Axa

Thomas Buberl, le directeur général d'Axa - PHILIPPE LOPEZ / AFP

L’assureur a stoppé ses négociations visant à vendre sa filiale de gestion d’actifs. L’opération n’était pas soutenue par son conseil d’administration, et devenait une source de conflits internes pour le patron d’Axa.

Finalement, Axa et Natixis ne fianceront pas leurs filiales de gestion d'actifs. Mercredi, l’assureur a réuni son conseil d’administration qui a décidé de renoncer à vendre Axa Investment Managers (Axa IM). Son patron Andrea Rossi l’a annoncé jeudi matin dans un mail interne à ses salariés. Il menait depuis plusieurs semaines des négociations exclusives avec Natixis pour se marier à son gestionnaire Natixis Global Asset Management. Les équipes de gestion d’Axa avaient proposé, en parallèle, un scénario pour continuer à se développer seules. C’est donc cette voie que l’assureur a choisie alors que les fiançailles avec Natixis semblaient bien parties. Ce mariage aurait donné naissance à l’un des premiers acteurs européens avec plus de 1500 milliards d’actifs gérés, devant Amundi (1300 milliards), la filiale du Crédit Agricole.

Mais un mariage avec Natixis aurait obligé Axa à perdre le contrôle de sa filiale de gestion. Le schéma discuté ces dernières semaines ne lui laissait que 42% de la future société combinée. Pas assez pour conserver la maîtrise de ses 580 milliards d’euros d’actifs en compte propre qui constituent le nerf de la guerre. Cette activité, qui représente l’épargne des clients de l’assureur, permet d’investir directement sur les marchés et de garantir les rendements à ses clients. L’abandonner aurait obligé Axa à changer de modèle et à leur proposer des produits de concurrents.

Henri de Castries également opposé

Pourtant, le directeur général d’AXA, Thomas Buberl, militait pour ce scénario. "Il voulait faire cette opération" assurent plusieurs proches d’AXA. "Il avait reçu un mandat pour étudier tous les scénarios" nuance un porte-parole de l’assureur. Mais ce projet suscitait trop de remous en interne ces dernières semaines. D’abord des équipes d’Axa IM qui tiennent à leur indépendance. La filiale est aussi une "école de formation interne" de beaucoup de dirigeants d’AXA. Une sorte d’état dans l’état.

Mais surtout, l’opposition à ce projet s’est manifestée au sein du conseil d’administration. Plusieurs sources rapportent que la majorité des administrateurs étaient contre cette opération. Beaucoup estimaient aussi que la vente d’Axa IM aurait envoyé un mauvais signal aux actionnaires d’une nouvelle réduction du périmètre d’Axa après l’annonce de l’introduction en bourse des activités américaines. C’est le cas du président d’AXA, Denis Duverne, défavorable à se séparer du métier de gestion d’actifs. Il se serait même déplacé en personne lors d’une réunion de négociation pour manifester son désaccord devant le directeur général Thomas Buberl. "Il hésitait, reconnaît-on chez Axa, mais ce n’était pas une source de conflit". À cette tension déjà forte s’est ajoutée la réticence de l’ancien PDG Henri de Castries qui reste président des Mutuelles d’AXA, le premier actionnaire de l’assureur avec 14% du capital.

Douche froide pour Natixis

Pour Natixis, c’est la grosse déception. La filiale du groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d’Épargne) rêvait de ce mariage qui lui aurait permis de dépasser son rival Crédit Agricole dans la gestion d’actifs. La banque avait même imaginé une augmentation de capital pour garantir le rachat futur des parts minoritaires d’Axa dans la coentreprise. Dans ce scénario, déjà étudié lors de la tentative de rachat de l’italien Pioneer l’an passé, BPCE était prêt à descendre à 51% du capital de Natixis.

Pour Axa, l’avenir sera de diversifier sa filiale de gestion sur des produits plus rentables tels que l’immobilier et le non-coté. Avant d’envisager dans deux ans une nouvelle alliance. Cet été, l’assureur avait aussi discuté avec HSBC et Deutsche Bank qui va coter en Bourse sa filiale de gestion d’actifs l’an prochain. Celle-ci est dirigée par Nicolas Moreau, l’ancien patron d’Axa France qui a failli prendre la direction d’Axa en 2016. Beaucoup imaginent déjà que des négociations reviendront dans le futur avec lui.

Matthieu Pechberty