BFM Business
Assurance Banque

Ce que les banquiers vont demander à François Hollande

Le dialogue devrait être cordial entre François Hollande et les patrons des grandes banques françaises

Le dialogue devrait être cordial entre François Hollande et les patrons des grandes banques françaises - -

Pour la première fois depuis le début de son mandat, le président de la République reçoit, ce vendredi 19 juillet, les banquiers français. Les deux parties devraient évoquer les dossiers chauds du moment ,à savoir le partage de la manne du Livret A et la régulation du secteur.

La date n'a rien d'anecdotique. Ce vendredi 19 juillet, François Hollande reçoit pour la première fois les patrons des grandes françaises à l'Elysée, dont le président de la Fédération bancaire française, Jean-Paul Chifflet, également patron du Crédit Agricole.

Ce rendez-vous intervient au lendemain de l'adoption définitive par le Parlement du projet de loi portant sur la réforme bancaire. Un texte censé traduire les promesses de campagne de François Hollande, prononcées lors de son fameux discours du Bourget. Le candidat à la présidence de la République déclarait alors que la finance était "son adversaire".

Nul doute que François Hollande adoptera un ton bien plus modéré ce vendredi, face à des banquiers qui ont en tête plusieurs dossiers brûlants.

> Le partage de la manne du Livret A

Le bras de fer autour du Livret A va-t-il enfin prendre fin? L'argent collecté sur ce placement échappe aux banques à hauteur de 65% au profit de la Caisse des dépôts, qui centralise la collecte.

Une situation que les banques entendent bien changer. Elles sont en négociation avec la CDC pour récupérer une partie de la collecte de l'épargne réglementée. Un projet de décret, qui scelle le dernier volet de la réforme de l'épargne réglementaire, est examiné par la commission de surveillance de la CDC.

Ce texte prévoit que la Caisse des dépôts reverse aux banques 25 milliards d'euros dont 15 milliards en provenance des Livret A et LDD (Livret de développement durable, ex-Codevi), et 10 milliards du LEP (Livret d'épargne populaire). Ce montant est issu d'une négociation entre la CDC qui n'acceptait de donner "que" 35 milliards d'euros du LEP (dont les dépôts ont un taux plus élevés donc trop chers pour en faire des prêts), et les banques qui demandaient 50 milliards d'euros.

> Revoir la taxe sur les transactions financières

Les grands établissements français ont plusieurs fois dénoncé la taxe sur les transactions financières, qui va être appliquée dans 11 pays de l'Union européenne. Certains établissements français ont même évalué le coût de la mesure telle qu'elle est proposée par la Commission européenne.

Crédit Agricole a évoqué un chiffre de 17 milliards sur ses comptes et Laurent Mignon, directeur général de Natixis expliquait, en avril sur BFM Business, que la taxe ponctionnerait son établissement de 7 milliards d'euros, soit plus que le chiffre d'affaires que la banque (6 milliards). L'AMF, elle aussi, a fait part de ses craintes.

Sur ce sujet, le dialogue semble ouvert. Le 11 juillet dernier, Pierre Moscovici a estimé que les modalités de la taxe étaient "excessives", répondant alors aux inquiétudes de la place de Paris.

> Limiter la régulation après le projet de loi de réforme bancaire

Les banquiers ont vivement critiqué le projet de loi portant sur la réforme bancaire. Leur argument : le texte survient alors que les banques doivent s'adapter à un empilement de lois et règlements, notamment au niveau européen. Ce qui pénaliserait la compétitivité des établissements français.

Du coup, les patrons des grands établissements français devraient demander à François Hollande de mettre le frein sur la régulation. Mercredi, la rapporteure du projet de loi portant la réforme bancaire, la députée PS Karine Berger, a pu raviver leurs inquiétudes en déclarant à l'Assemblée, qu'"il y aura d'autres étages à monter à la tour de Babel de la régulation financière".

Pourtant, nombreux sont ceux qui estiment que les banques ont eu gain de cause sur la réforme bancaire. Certains parlent même d'une réforme "a minima". Pierre Moscovici s'était d'ailleurs défendu, en décembre dernier, d'être "le copain des banquiers".

Diane Lacaze et Julien Marion