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Barça-Bayern: l'autre match que les Allemands ont déjà remporté

Lionel Messi (à gauche) rencontrera Thomas Muller (Bayern) ce soir au Camp Nou.

Lionel Messi (à gauche) rencontrera Thomas Muller (Bayern) ce soir au Camp Nou. - Franck Fife - Odd Andersen - AFP

La seconde demi-finale de Ligue des champions opposera deux poids-lourds du football, ce soir à Barcelone. Mais leurs modèles économiques comportent des différences notables.

"Match de rêve", "finale avant la lettre", "sommet du football"… A quelques heures du choc entre le FC Barcelone et le Bayern Munich, ce mercredi en demi-finale de Ligue des champions, les superlatifs affluent, donnant ainsi une idée de l’attente suscitée par l’évènement. Mais le match entre les deux mastodontes du football européen ne se joue pas que sur le terrain. Car côté finances, il s’agit bien là aussi d’un duel de titans.

Un modèle plus équilibré pour le Bayern

Globalement, les deux clubs ont réalisé un chiffre d’affaires similaire en 2014: 487,5 millions d’euros pour le Bayern, contre 484,6 millions pour le Barça, selon les chiffres du cabinet Deloitte. Ce qui les place respectivement à la troisième et quatrième place dans le classement des clubs les plus riches du monde.

Pourtant, leurs modèles sont bien différents. Le club catalan "reste en effet très dépendant des droits audiovisuels, qui représentent près de 40% de ses revenus", analyse Christophe Lepetit, économiste au Centre de droit et d’économie du sport (CDES), "tandis que le Bayern a un modèle beaucoup plus équilibré, reposant majoritairement sur ses revenus commerciaux".

La répartition des revenus des deux clubs, entre Droits TV, billetterie et revenus commerciaux (sponsoring et merchandising).
La répartition des revenus des deux clubs, entre Droits TV, billetterie et revenus commerciaux (sponsoring et merchandising). © Deloitte

Endettement: des dynamiques opposées

Avec une dette d’un peu moins de 300 millions d’euros, le FC Barcelone n’est pas épargné par un phénomène qui a longtemps rongé le football espagnol, et qui met aujourd’hui en péril la survie des clubs plus modestes. Car même si le Barça a consenti de gros efforts pour réduire son endettement, la croissance de son chiffre d’affaires s’en ressent. Pendant ce temps-là, son adversaire du soir, qui possède des finances saines et largement bénéficiaire chaque année, progresse de manière beaucoup plus rapide.

Le chiffre d'affaires des deux clubs ces 5 dernières années.
Le chiffre d'affaires des deux clubs ces 5 dernières années. © Deloitte

Un actionnariat stratégique

Les deux clubs sont majoritairement détenus par leurs supporters. Mais si les "socios" sont omniprésents côté catalan, le Bayern a choisi une autre option. "Ses supporters détiennent toujours le pouvoir, mais le club bavarois a choisi de faire entrer ses sponsors au capital, à l’image de l’assureur Allianz ou d’Adidas. Ils sont ainsi plus investis dans la stratégie à long terme", explique Christophe Lepetit. Le récent renouvellement du contrat de sponsoring avec l’équipementier allemand en témoigne.

Encore des marges de manoeuvre

Reste à savoir quels seront les relais de croissance dans un avenir proche. Et sur ce terrain-là, le Bayern semble également avoir l’avantage. Sa rigueur et son pragmatisme en ce qui concerne l’optimisation de ses revenus commerciaux lui assure une base financière solide. Et les droits TV en Allemagne pourraient être largement revalorisés à l’avenir (actuellement le montant global est par exemple inférieur au championnat français). Néanmoins la situation du Barça est loin d’être critique : "je ne suis pas inquiet, car cela reste un club formateur. Et il y a de grandes chances pour que la Masia (l’académie dont est notamment issu Lionel Messi) continue de former de grands joueurs qui pourront, à terme, être vendus", conclut Christophe Lepetit.

Yann Duvert (texte), Corinne Schmit-Saintyves (infographies)