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Beauval: chauffer un zoo grâce aux crottes de panda

Le zooparc de Beauval récupére notamment les déchets organiques des pandas pour sa nouvelle usine de méthanisation: le site rduit ainsi sa facture de gaz de 20 %

Le zooparc de Beauval récupére notamment les déchets organiques des pandas pour sa nouvelle usine de méthanisation: le site rduit ainsi sa facture de gaz de 20 % - -

Un million de visiteurs fréquente le zoo-parc de Beauval chaque année, en particulier pour découvrir les pandas géants que l'on ne peut voir nulle part ailleurs en France. Ils sont devenus, à leur façon des acteurs de la transition énergétique. Explications.

Un zoo exige une logistique sans faille, d'autant plus quand il s'agit d'animaux rares. Ainsi à Beauval, au sud du Loir-et-Cher, l'un des 15 plus beaux zoos au monde, il faut pouvoir chauffer dans le même temps les bassins des Lamantins, chauffer la nuit l'abri des éléphants ou encore rafraîchir les koalas. La facture peut s'élever très rapidement.

Le zoo de Beauval très engagé en matière de développement durable a donc décidé de créer sa propre usine de méthanisation, une première dans un zoo. C'est le bureau d'études Ledjo Energie, filiale du groupe Aqua, qui l'a accompagné dans cette démarche. Il aura fallu 3 ans aux ingénieurs pour faire aboutir le projet; la construction a été réalisée en un an. Le site a été inauguré à la fin du mois de juin.

Une réduction de 20 % de la facture énergétique

11 000 tonnes de déchets sont ainsi traités: les litières des animaux, les tontes de pelouse, mais aussi les résidus des entreprises environnantes, l'agro-alimentaire à travers notamment une usine de fabrication de cornichons, mais aussi les déchets de trois exploitations agricoles.

Le procédé biologique naturel est simple. On peut le comparer à la digestion des aliments. Les résidus organiques sont transformés en énergie renouvelable - le « biogaz » mais aussi en engrais organique - le « digestat ". Les exploitations agricoles peuvent en retour s'en servir comme compost. Le biogaz obtenu sert à produire de l’électricité renouvelable. Elle est injectée sur le réseau. Le chaleur alimente donc aussi les serres les plus énergivores du ZooParc.

Pour le zoo, l'impact économique est loin d'être négligeable: une réduction de 20 % de sa facture énergétique. Il a déboursé 2,5 millions d'euros pour cette usine. Il espère l'amortir en 4 ans.

Recyclage et conservation des espèces

Pour sa démarche, Beauval a souhaité faire travailler des sociétés françaises. La direction avait déjà installé 280 m2 de panneaux solaires en 2011 sur le toit de la Maison des éléphants. Ils produisent 40 000 kw par an. Le zooparc qui est devenu le premier pôle touristique de la région Centre et attire un million de visiteurs mais ne manque pas de les sensiliser.

C'est ainsi que Delphine Delord, la directrice, a lancé une grande collecte de téléphones portables usagés, destinée au recyclage du coltan. 70 % des réserves mondiales de ce minerai conducteur se trouvent en République Démocratique du Congo, sur les territoires des grands singes.

Ce n'est pas la seule opération: Beauval développe une trentaine de projets de conservation d'espèces menacées. La direction a mis en place des équipements de traitement biologique des eaux usées, elle utilise aussi des matériaux naturels et recyclables en particulier dans ses hôtels avoisinants. En février 2015, un deuxième établissement va ouvrir, "les Pagodes" avec 128 chambres à la décoration asiatique.

Nathalie Croisé de BFM Business