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Bercy surveille la vente d’une ex-filiale d’Alcatel

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- - ERIC FEFERBERG / AFP

Nokia lance la cession d’Alcatel submarine network, spécialisée dans les câbles sous-marins. BPIFrance est pressentie pour stabiliser l’actionnariat en France.

C’est une pépite que l’État souhaite conserver en France. La société Alcatel submarine network (ASN), spécialisée dans la pose de câbles sous-marins est mise en vente par son propriétaire Nokia. Le groupe finlandais en a hérité lorsqu’il a racheté Alcatel il y a deux ans. Le Crédit Agricole sera bientôt officiellement mandaté pour gérer le processus. La banque a déjà envoyé des dossiers à plusieurs acquéreurs potentiels pour tester leur appétit. ASN déploie des câbles de fibre optique sous-marins entre les continents, entre l’Europe et les États-Unis ou l’Afrique. Une infrastructure qui transfère notamment des données "confidentielles défense" pour les gouvernements. "On suit de près ce dossier qui est une entreprise stratégique" justifie-t-on au ministère de l’Économie.

D’après les syndicats, pas moins de quatre ministères ont un œil attentif sur l’avenir de l’entreprise: Bercy, l’Intérieur, le Quai d’Orsay et la Défense. "Ils sont au courant de l’évolution de la situation" assure Bryan Fackeure, responsable de la CFDT. Emmanuel Macron avait déjà suivi de près les dernières tentatives de cession de cette pépite. En 2013, lorsqu’il était secrétaire général adjoint de l’Elysée, Alcatel avait tenté de la vendre à des Chinois. Puis en 2015, quand il était ministre de l’Économie, Nokia lors du rachat d’Alcatel avait songé à l’introduire en Bourse.

Thales et Nexans regarderont

Nokia continue de déclarer que "toutes les options sont à l’étude". Mais début juin, la direction d’ASN a informé les salariés qu’elle prendrait contact avec d’éventuels repreneurs. Selon plusieurs sources, les noms de Thales et Nexans circulent. Ils étudieront le dossier mais ne semblent a priori pas très intéressés… Par le passé, Nokia avait sollicité à plusieurs reprises Orange, car l’État en détient 23%. Mais l’opérateur n’a jamais souhaité investir dans l’entreprise.

Pour ancrer l’entreprise en France, le gouvernement semble prêt à mobiliser BPIFrance. "Elle fait partie des candidats à l’ancrage français", explique une source proche du dossier. Il y a de fortes chances qu’elle figure dans le tour de table final". BPIFrance vise une participation minoritaire au sein d’un consortium pour qu’aucun actionnaire ne dispose du contrôle de l’entreprise. Du coup, des fonds d’investissement ont aussi été sollicités, comme le français Ardian.

Avec 700 millions d’euros de chiffre d’affaires, la filiale de Nokia est valorisée environ 600 à 700 millions d’euros. Elle compte 1000 salariés dont 900 en France, notamment sur le site de Calais. Elle dispose de 40% du marché mondial qui va continuer à croître grâce à l’explosion des transferts de données qui oblige les opérateurs à investir dans le déploiement de la fibre optique. Si son activité est cyclique, elle bénéficie d’importantes barrières à l’entrée nécessitant d’importants investissements et des compétences techniques fortes. Une garantie de limiter la concurrence à l’avenir.

Matthieu Pechberty