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Bitcoin: aussi facile à voler que le liquide et plus facile à écouler

Que l’on possède de l’or, des bijoux, de l’argent ou des bitcoin, il faut être prudent et savoir se protéger

Que l’on possède de l’or, des bijoux, de l’argent ou des bitcoin, il faut être prudent et savoir se protéger - Stéphane de Sakutin - AFP

Le Bitcoin comme les autres crypto-monnaies ne sont plus seulement la cible des cyber-délinquants. Le banditisme classique s'y intéresse car cet argent est bien plus facile à "blanchir" que l'or ou les espèces.

Il y a quelques jours, des malfaiteurs ont contraint sous la menace d’une arme des possesseurs de cyber-monnaies à effectuer un virement. Une première, peut-être, mais "il faut s’attendre à ce que ces affaires se multiplient", estime Éric Larchevêque, président fondateur de Ledger, cette start-up française qui a créé un coffre-fort pour ces valeurs. Il explique que s’il s’agit d’argent virtuel, le bitcoin a des points communs avec l’argent liquide ou l’or. "On connaissait les cyber-attaques, on sait désormais que des agressions physiques permettent aussi de détrousser les possesseurs de crypto-monnaies".

En effet, si le bitcoin, ou tout autre cyber-monnaie, est en ligne, il n’en est pas moins aussi accessible que des lingots ou des billets entreposés dans le coffre d'un appartement. Pour y accéder, les malfrats menacent physiquement la personne ou ses proches. À l'instar de ce qu'ont vécu en Grande-Bretagne ce couple de traders forcés de transférer sur un compte les avoirs qu’ils possédaient. On ne connaît ni le montant du vol, ni dans quelle devise il a été réalisé.

Tout peut s’envoler en un clic

Ce hold-up va évidemment faire l’objet d’une enquête, mais il ne sera pas facile pour la police d’interpeller les coupables. Elle va évidemment interroger les proches, ceux qui savaient que les victimes possédaient ces richesses. Mais en l'espèce, ce sont des dizaines de milliers de personnes sur toute la planète qui pouvaient avoir accès à cette information.

Les traders ont bien fait attention de ne pas trop en dire sur eux. Ils utilisaient un pseudonyme pour effectuer les transactions. Mais des internautes ont fait circuler leur véritable identité. "Que l’on possède de l’or, des bijoux, de l’argent ou des bitcoins, il faut être discret que ce soit dans la vie réelle ou dans le monde virtuel", rappelle Éric Larchevêque.

Ne pas suivre ce conseil est encore plus risqué quand on détient un magot en crypto-monnaies, que pour un compte bancaire. Les retraits avec une carte sont limités, les vols sont assurés et au moins une partie des sommes soustraites sont remboursées par les banques. La victime a peu à perdre contrairement au monde virtuel où tout peut s’envoler définitivement en un clic.

S'inspirer du réel pour la protection virtuelle

"Avec de l’argent réel, un voleur à main armée est limité par ce que vous avez dans votre portefeuille ou la limite quotidienne de retrait dans un distributeur. Mais un voleur de bitcoins peut voler des millions de dollars instantanément", confirme sur Twitter Nouriel Roubini, un expert international de la cyber-économie.

Et pas facile de retrouver les valeurs même si les monnaies virtuelles sont traçables dans la blockchain. On peut encore faire un parallèle avec des lingots d’or numérotés. Toutefois, l’or se fond et les crypto-monnaies se noient dans le web sans laisser de traces. Pour preuve, les sommes volées lors des cyber-braquages qui se sont produits se sont évaporés. Le dernier braquage en date remonte à quelques jours. Il s’élève à plus de 400 millions de dollars en bitcoin. Coincheck, l’établissement financier qui détenait cette fortune, n’a eu d’autres choix que de rembourser ses clients.

S’il faut être discret pour protéger ses avoirs, il faut aussi développer des méthodes pour les protéger. Et pour Éric Larchevêque, il faut peut-être s’inspirer du monde réel. "Les valeurs du monde réel sont entreposées dans des coffres sécurisés qui, pour les ouvrir, nécessitent plusieurs autorisations et disposent d’ouverture retardée", explique ce spécialiste de la protection.

"Nous étudions ces techniques pour une prochaine version de notre coffre-fort électronique". En attendant, la discrétion reste la protection la plus sûre. Quant aux enquêteurs, ils devront non seulement tenter de retrouver les fonds, les coupables et chercher à savoir si la victime est vraiment innocente comme le cas s'est produit en 2015 lors de l'affaire MtGox dans laquelle le patron de l'entreprise, un Français, a été arrêté au Japon.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco