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Bitcoin: l'Autorité bancaire européenne déconseille son utilisation

L'Autorité de régulation européenne va à l'encontre des annonces venues de Russie et de Californie.

L'Autorité de régulation européenne va à l'encontre des annonces venues de Russie et de Californie. - -

L'ABE publie, ce vendredi 4 juillet, un document qui déconseille l'utilisation des bitcoins, qui seraient trop instables pour être intégrés à l'économie réelle. Mais elle ne décourage pas les entrepreneurs qui utilisent déjà la monnaie.

Bitcoin n'a décidément pas la cote en Europe. L'Autorité bancaire européenne (ABE) déconseille très clairement l'utilisation des "monnaies virtuelles" aux banques traditionnelles et aux "organismes de paiement" (comme Paypal), tant qu'aucune autorité de régulation n'est en place.

La décision va à l'encontre des annonces récentes faites dans d'autres pays: aux Etats-Unis, la Californie a doté le bitcoin d'une structure légale, et le vice-président de la Banque centrale de Russie envisage de mettre en place une "régulation législative".

Mais la fermeture de la plus grande plateforme d'échange, MtGox, en février, qui avait fait disparaître 750.000 bitcoins, a conforté l'ABE dans sa méfiance.

Des transactions anonymes et un manque de législation

Dans son document, publié vendredi 4 juillet, l'ABE liste 70 raisons de ne pas faire confiance aux "monnaies virtuelles", parmi lesquelles elle ne cite explicitement que le bitcoin. L'ABE estime entre autres que les "mineurs" de bitcoin, c'est-à-dire les personnes qui font tourner un logiciel qui permet à la fois aux transactions de se faire et aux bitcoins de se créer, pourraient éventuellement tous se mettre d'accord pour contrôler la monnaie.

L'anonymat des transactions, le manque de législation claire, et de structures officielles poussent donc l'ABE à déconseiller l'utilisation des monnaies virtuelles, jusqu'à ce qu'un cadre législatif soit mis en place.

"Le statu quo profite à des sociétés américaines"

"L'ABE joue un rôle de propagandiste", s'énerve Pierre Noizat, de la société Paymium, qui propose différentes solutions d'achat ou de paiement par bitcoin. Selon lui, c'est un "non-sens de déconseiller à une banque d'essayer une nouvelle technologie".

Sa société travaille depuis 2011 avec les bitcoins. Et pour lui, ce type de document, tout comme la note de la Banque de France, parue en décembre, affaiblit le potentiel d'innovation de l'Hexagone: "le statu quo profite à des sociétés américaines, qui prennent de l'avance", se désole-t-il.

Il estime que l'idée de transactions rendues anonymes est un "mythe": "On peut vous suivre à la trace, surtout avec les outils disponibles actuellement. Le seul obstacle que Bitcoin pause aux autorités, c'est si elles ne mettent pas leurs moyens de surveillance à jour".

Joseph Sotinel