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Quand Luc Besson essayait de vendre son studio à Bolloré et Orange...

Luc Besson aurait mandaté une banque américaine pour trouver un nouvel actionnaire

Luc Besson aurait mandaté une banque américaine pour trouver un nouvel actionnaire - BFM Business

Selon une biographie non autorisée, le réalisateur aurait tenté -mais en vain- de vendre en 2011 la majorité de son studio EuropaCorp.

Le 11 janvier, les Echos ont révélé qu'EuropaCorp avait mandaté la banque américaine Moelis pour trouver un nouvel actionnaire. Le quotidien cite comme investisseurs possibles des groupes chinois, ainsi que Vivendi. Objectif de l'opération: sortir de la bourse le studio de Luc Besson, coté depuis 2007, à en croire une source interne citée par le quotidien. 

Lambert viole sa clause de non concurrence

Quelques jours plus tard est parue une biographie non autorisée: "Luc Besson, l'homme qui voulait être aimé" (Flammarion). L'ouvrage révèle que la recherche d'un nouvel actionnaire ne date pas d'hier. Précisément, en 2011, des négociations en ce sens ont eu déjà lieu -mais en vain- avec le groupe Bolloré, puis Orange. Précisément, l'industriel breton a étudié le rachat de 40% de la holding personnelle du réalisateur (FrontLine), puis aurait lancé une OPA sur EuropaCorp. Cinq ans plus tard, il aurait pu prendre la majorité à la fois de FrontLine et d'EuropaCorp.

Le livre n'explique pas pourquoi le projet n'a pas abouti. Toutefois, ceci montre que Vincent Bolloré et Christophe Lambert (directeur général d'EuropaCorp) avaient surmonté leurs bisbilles. Celles-ci remontaient au milieu des années 2000. Fin 2006, Vincent Bolloré avait investi dans FFL, une agence de publicité créée par Christophe Lambert avec le duo Fred et Farid. Mais cette association tourne rapidement à l'aigre. Fin 2008, Christophe Lambert quitte FFL, rebaptisé FF. Le livre révèle que la dispute s'est même achevée devant le tribunal de commerce. En effet, Fred et Farid ont fait condamner en 2011 Christophe Lambert à payer 96.000 euros pour avoir violé sa clause de non concurrence. 

Qui touchera le jackpot de Valerian?

Autre révélation du livre: la banque américain JP Morgan Chase, principal créancier du studio de Luc Besson, "a eu des doutes sur EuropaCorp, et décidé d'utiliser son droit à un audit des comptes. L'opération de contrôle a eu lieu fin 2015".

L'ouvrage s'interroge aussi sur les futures recettes de Valerian, le blockbuster en cours de tournage. En effet, un contrat datant de 2005 stipulait qu'Avalanche Productions (société d'Emmanuel Prévost) aurait droit à "un intéressement de 10% des recettes nettes HT du film, hors financement". Cette clause a mystérieusement disparu dans le nouveau contrat déposé par EuropaCorp en 2011. "Emmanuel Prévost aurait été écarté du projet sans explication", assure l'ouvrage. 

Enfin, et non des moindres, le livre détaille le conflit opposant EuropaCorp à ses anciens commissaires aux comptes Deloitte et Ledouble. Il reproduit notamment un courrier adressé par les auditeurs au conseil d'administration le 8 septembre 2014. Ce courrier, que BFM Business s'est procuré, liste une série de problèmes comptables concernant l'exercice clos fin mars 2014. D'abord, "une part significative des impôts différés pour un montant de 22 millions d'euros n'est pas documentée par la société". Ensuite, le courrier fait état de frais d'avocats faramineux (2,4 millions d'euros), et juge nécessaire "de renforcer le contrôle interne" pour ce type de prestation. Enfin, selon ce courrier, les procès verbaux du comité d'audit et du conseil d'administration "ne reflètent pas fidèlement les propos échangés", car "des propos ont été complétés, modifiés ou n'ont pas été tenus". 

Interrogés, EuropaCorp n'a pas souhaité faire de commentaires, tandis qu'Orange et Bolloré n'ont pas répondu.

Jamal Henni