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Booking.com: enquêtes de six gendarmes de la concurrence

Les sites de réservation d'hôtels ont dû modifier leurs pratiques en Grande-Bretagne et en Allemagne

Les sites de réservation d'hôtels ont dû modifier leurs pratiques en Grande-Bretagne et en Allemagne - -

Les gendarmes de la concurrence d'au moins six pays européens ont lancé des enquêtes sur les pratiques commerciales menées par Booking (et souvent Expedia) vis-à-vis des hôteliers.

Mardi dernier, le ministre de l'économie Arnaud Montebourg a annoncé le dépôt d'une plainte contre Booking.com, qui fait suite à une autre plainte déposée contre Expedia en novembre 2013.

Cette plainte s'ajoute à celle déposée en juillet 2013 devant l'Autorité de la concurrence contre ces sites de réservation d'hotels par les syndicats des hôteliers (Umih et Synhorcat).

Mais la France ne fait pas cavalier seul dans ce combat. Les gendarmes de la concurrence enquête aussi sur Booking (et en général aussi Expedia) dans cinq autres pays européens: Allemagne, Autriche, Suisse, Suède et Hongrie. Selon la lettre spécialisée Mlex, une procédure serait aussi en cours en Irlande. Et en Grande-Bretagne, le gendarme de la concurrence local a aussi engagé une procédure contre Booking et Expedia, qu'il vient de clore en échange d'une modification de leurs pratiques.

Interdiction de proposer moins cher

Dans le collimateur de Bercy comme des six gendarmes de la concurrence: la clause dite de parité, qui interdit aux hôtels de proposer en direct à leurs clients des tarifs moins élevés que ceux proposés sur le site de Booking.

Pour Bercy, "les hôteliers perdent ainsi une opportunité de concurrencer Booking et de reprendre le contrôle de la relation avec le client. Cela nuit à la fois à la compétitivité du secteur hôtelier, qui est privé d’une possibilité de s’affranchir des commissions versées à Booking, et aux consommateurs, qui ne peuvent pas faire jouer la concurrence entre les différents canaux de distribution et obtenir ainsi de meilleurs tarifs".

Risque d'amende

"Une issue possible de ces enquêtes est le retrait des clauses de parité et/ou des amendes", indiquent les comptes de PriceLine, le propriétaire de Booking.

D'ores et déjà, en Allemagne, le gendarme de la concurrence a demandé à un autre site, Hotel Reservation Service, de retirer cette clause.

En Grande-Bretagne, l'accord trouvé en début d'année entre Booking, Expedia et le gendarme de la concurrence est plus complexe. L'hôtel garde le droit de fixer le prix de vente de la chambre commercialisée via les sites. Toutefois, hôteliers et sites peuvent proposer des ristournes sur ce tarif, mais uniquement aux internautes ayant souscrit à un programme de fidélité. Au maximum, cette ristourne peut atteindre le montant de la commission prélevé par le site (16% en moyenne pour Booking). Enfin, Booking ne pourra plus exiger de parité avec les ristournes pratiquées par l'hôtel ou d'autres sites, tant que le taux de ristourne n'est pas rendu public.

Décision début 2015

Le 16 mai, le président de l'Autorité de la concurrence Bruno Lasserre avait déclaré à Mlex que l'enquête était "bien avancée" et pourrait aboutir début 2015 soit par une décision de l'Autorité, soit par un accord amiable. "Il faut distinguer les clauses acceptables des clauses qui restreignent la concurrence", a-t-il déclaré, ajoutant vouloir trouver un équilibre entre la restriction des prix et l'efficacité économique apportée par ces sites.

Lors de l'annonce d'Arnaud Montebourg, Booking a répondu "être pleinement respectueux des règles commerciales en vigueur", et que sa relation avec les hôtels "est basée sur une relation de confiance mutuelle".

Jamal Henni