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Bouygues et Vinci ont terminé le dôme de confinement de Tchernobyl

Conçue par les deux géants français du BTP, une arche métallique recouvre désormais totalement le sarcophage du réacteur nucléaire à l'origine de la catastrophe de Tchernobyl.

"Nous avons célébré aujourd'hui [ce mardi 29 novembre] à Tchernobyl la fin réussie de l'opération" de pose de l'arche. "Une étape clé avant l'aboutissement du programme international pour transformer Tchernobyl en un site sûr et sans danger pour l'environnement d'ici novembre 2017" se félicitent dans un communiqué les géants français du BTP Bouygues et Vinci.

Conçue pour durer un siècle, cette arche métallique repose sur deux poutres rectangulaires en béton qui lui servent de fondations. L'installation pèse 36.000 tonnes, soit trois fois et demi le poids de la Tour Eiffel. Elle mesure 108 mètres de haut -ce qui équivaut à la hauteur d'un immeuble de 30 étages- et 162 mètres de long, pour une portée de 257 mètres. Avec ses dimensions généreuses, cette infrastructure pourrait couvrir le Stade de France.

L'arche recouvre désormais le sarcophage bâti à la va-vite, en six mois, par des ouvriers soviétiques connus sous le nom de "liquidateurs" après le pire accident nucléaire de l'Histoire, l'explosion du réacteur 4 de la centrale de Tchernobyl, le 26 avril 1986. En quatre ans, 600.000 "liquidateurs" ont été dépêchés sur les lieux de l'accident avec une faible protection, voire aucune beaucoup en sont d'ailleurs morts- pour éteindre l'incendie, isoler le réacteur détruit sous une chape de béton et nettoyer les alentours.

Répondre à un double objectif 

Bâtie par Novarka, une coentreprise réunissant Bouygues et Vinci cette installation a deux objectifs. Elle doit permettre de "confiner les poussières radioactives et permettre le démantèlement futur du réacteur accidenté ainsi que le retraitement des 200 tonnes de magma hautement radioactif de l'ancien sarcophage" arrivé en fin de vie, "mis sous cloche pour les 100 prochaines années", indique Nicolas Caille, le directeur du projet

Elle dispose d'équipements et d'installations permettant les opérations futures de démantèlement du réacteur, dans des "conditions maximales de sécurité" tout en limitant "au maximum les interventions humaines", selon Novarka. 

Le bardage, au brevet allemand, est conçu pour protéger le sarcophage des agressions extérieures et préserver l'environnement et la population "d'éventuels rejets". Quant au système de ventilation, il doit assurer le contrôle de l'atmosphère dans l'enceinte de l'arche, la régulation de la température et de l'hygrométrie ainsi que la limitation des rejets dans l'atmosphère.

Une facture évaluée à 1,5 milliard d'euros

Ce dôme de métal est conçu pour résister à des températures allant de -43°C à +45°C, à une tornade de classe 3 (aujourd'hui improbable en Ukraine) envisagée "par extrême précaution, en cas de réchauffement climatique" explique Nicolas Caille, ou encore à un séisme d'une intensité maximale de 6 sur l'échelle de Mercalli, sachant que 'Ukraine présente un "risque sismique faible". Ainsi "si le sarcophage devait s'effondrer à l'intérieur de l'arche protectrice" lors d'un tremblement de terre, "les poussières resteraient confinées sous l'arche", précise encore le chef de projet. 

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- © European Bank for Reconstruction and Development - Press Service

Le milliard et demi d'euros nécessaire au financement de l'ouvrage a été géré par un fonds administré par la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), constitué en 1997 à l'initiative du G7 et abondé par des dons internationaux. Cela ne couvre cependant pas les coûts de démantèlement et de fonctionnement de l'arche, à la charge de l'Ukraine.

"De nombreux investissements seront encore nécessaires pour enterrer les matières radioactives qui seront récupérées", juge l'expert du Centre national ukrainien de l'écologie Olexi Passiouk.

A.M. avec AFP