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Pourquoi Martin Bouygues ne pouvait pas dire non à Patrick Drahi

Le conseil d'administration de Bouygues se réunira mardi 23 juin 2015 pour examiner l'offre de rachat d'Altice sur sa filiale télécoms

Le conseil d'administration de Bouygues se réunira mardi 23 juin 2015 pour examiner l'offre de rachat d'Altice sur sa filiale télécoms - Eric Piermont-AFP

La vente de Bouygues Telecom est sans doute un crève-coeur pour Martin Bouygues. Mais il y a au moins 7 raisons qui ont conduit le PDG à accepter les 10 milliards d'euros mis sur la table par le patron de SFR-Numericable.

C'est demain mardi 23 juin 2015, que le conseil d'administration du groupe Bouygues devrait accepter l'offre de Patrick Drahi, de racheter Bouygues Telecom.

Voici sept raisons qui ont sans doute fini par convaincre Martin Bouygues d'accepter ce chèque mirobolant d'un montant de 10 milliards d'euros (qui pourrait être légèrement revu à la hausse) pour la cession de sa filiale télécoms, ses 8.800 salariés, ses 11 millions de clients dans le mobile et quelques 2 millions dans le fixe.

Raison 1: Le prix proposé par Patrick Drahi est presque équivalent à la valorisation totale du groupe (activités BTP et TF1) qui atteint plus de 11 milliards d'euros si l'on tient compte du cours de Bouygues à la Bourse avant l'ouverture ce lundi matin. 

Raison 2: Au regard de la proposition de SFR-Numericable, Martin Bouygues récupère un chèque inespéré. Le JDD citait hier une valorisation de 8 milliards d'euros mais de l'avis de plusieurs analystes, la vraie valeur de Bouygues Telecom serait bien en deçà de 5 milliards d’euros. Exane BNP Paribas estime même dans une récente étude, une valorisation plus proche de 3 milliards d'euros. Jusqu'en 2011, Bouygues Telecom était la "vache à lait" du groupe. Mais cette manne s'est tarie ces dernières années au point qu'en 2015 le cash flow devrait être négatif. La restructuration qui a pris fin cet hiver ainsi que la nouvelle stratégie 4G n'auraient pas suffisamment porté leurs fruits.

Raison 3: Lorsqu'on compare les tailles respectives des opérateurs SFR et Bouygues Télécom, les 10 milliards d'euros proposés par Patrick Drahi semblent bien élevés et presque inespérés, eu égard aux 17 milliards déboursés par Numericable pour le rachat en 2014 de SFR, numéro deux des télécoms en France. 

Raison 4: Avec 10 milliards en poche, Martin Bouygues sort la tête haute du marché des télécoms. Son "bébé" a, en son temps, dynamisé le marché. Le prix élevé de sa revente constitue une sorte de victoire pour le PDG du groupe Bouygues. Cette sortie lui permet aussi d'éviter de lourds investissements à venir dans les infrastructures réseaux et notamment dans les futures enchères pour l'attribution des futures fréquences de téléphones à 700 Mhz.

Raison 5: A l'heure où il prépare sa succession, Martin Bouygues devrait avoir les moyens de consolider le contrôle familial sur le groupe de BTP en rachetant des actions. Il pourrait aussi envisager de se lancer dans de nouveaux défis industriels, dans l'environnement par exemple.

Raison 6: Aucun autre acteur ne s'est manifesté pour surenchérir sur Bouygues Telecom. Un temps envisagé comme acteur de la consolidation, Free préfère rester positionné en tant qu'outsider.

Raison 7: Face aux sollicitations assidues de Patrick Drahi, Martin Bouygues pourrait en profiter pour faire encore monter le prix de 10%. On parle en effet d'une vente à 11 milliards d'euros.

Frédéric Simottel