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Brexit-1, le câble transatlantique haut débit qui contourne le Royaume-Uni

Le projet Brexit-1 de câble transatlantique change la géographie des câbles sous-marins en évitant le Royaume-Uni, porte d’entrée en Europe pour les câbles télécoms venus d’Amérique du Nord.

Le projet Brexit-1 de câble transatlantique change la géographie des câbles sous-marins en évitant le Royaume-Uni, porte d’entrée en Europe pour les câbles télécoms venus d’Amérique du Nord. - Boris Horvat-AFP

Alors que nombre de liaisons haut débit transatlantiques passe par Londres, le premier projet post Brexit de câble télécoms sous-marin veut relier Marseille à New-York sans passer par le Royaume-Uni.

Les conséquences du Brexit sur l'Europe des télécoms et de l'internet sont non négligeables et commencent à en inquiéter certains. Ces interrogations sont nourries par le rôle de plaque tournante télécoms que joue Londres. La route classique des liaisons transatlantiques convoyant à haut débit le trafic Internet et téléphonique a toujours été celle de l’Atlantique Nord, reliant New York à Londres, avant d’irriguer le continent européen.

L'ère post-Brexit voit ainsi naître une première initiative alternative visant à contourner Londres comme noeud de communications télécoms. C'est le cas emblématique du projet de câble haut débit sous-marin de Brexit-1 qui vise à relier directement l'Europe continentale aux États-Unis en empruntant la route du Sud via Marseille et Gibraltar.

Un risque de taxe télécoms au Royaume-Uni, post-Brexit?

Son nom, évocateur, est en liaison avec les motivations de ses promoteurs menés par un entrepreneur indien, Sunil Tagare, exerçant dans les câbles sous-marins. Sur son compte Linkedin, il évoquait, début 2017, les atouts techniques (latence réduite) d'un câble dépourvu de point de présence à Londres mais aussi les incertitudes nées du "chaos autour du Brexit". 

La sortie du Royaume-Uni de l’Union pourrait, selon lui, contraindre les opérateurs télécoms et les acteurs de l'internet passant par Londres pour convoyer les données de leurs utilisateurs à stocker localement l’intégralité de ces données personnelles transitant par le Royaume-Uni, l’accord de "bouclier de protection des données" (privacy shield) entre les États-Unis et l’Union Européenne devenant caduc.

L'entrepreneur évoque aussi le risque de voir naître des taxes nouvelles sur les télécoms décidées par le gouvernement anglais, à l'issue du Brexit.

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- © Ce câble transatlantique a pour vocation de relier Marseille à New York en passant par le détroit de Gibraltar avec un point d'atterrage au Portugal.

L'entrepreneur indien porteur du projet Brexit-1 a choisi Marseille pour organiser une réunion qui se terminera ce vendredi et durant laquelle il dévoilera tous les aspects du projet auprès des opérateurs télécoms, fournisseurs de contenus et de services Internet pouvant potentiellement faire partie du consortium appelé à financer le projet, en cours de constitution.

Ce câble transatlantique, qui bouleverse la géographie des câbles sous-marins en évitant le Royaume-Uni, traditionnelle porte d’entrée européenne pour les câbles en provenance d’Amérique du Nord, offrira aux opérateurs et fournisseurs de contenus, d'autres horizons géographiques.

Brexit-1 offrira des accès à l'Afrique et à l'Asie

À Marseille, ils auront un accès direct aux câbles sous-marin desservant depuis la cité phocéenne les marchés émergents d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie. Le câble disposera également d’un point d’atterrage au Portugal, offrant une connectivité vers l’Afrique de l’Ouest et du Sud.

Le projet Brexit-1 est porté par Open Cable, société privée spécialisée dans le développement de câbles sous-marins à travers le monde. Il reste, comme pour toute initiative de ce genre, à fédérer les différents investisseurs intéressés dans un consortium qui en financera le coût.

Si Brexit-1 voit le jour, il rejoindra un autre projet de câble direct entre l'Europe continentale et l'Amérique du Nord. Il est beaucoup plus avancé car financé par deux poids lourds de l'internet, Microsoft et Facebook. Baptisé MAREA, il assurera une liaison de 6.600 kilomètres entre la côte Est américaine et le port de Bilbao en Espagne.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco