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Brexit: la City délocalise… un peu

10.000 emplois pourraient être supprimés dans le secteur financier britannique.

10.000 emplois pourraient être supprimés dans le secteur financier britannique. - Loin des yeux - Flickr -CC

Après HSBC, qui a annoncé rapatrier un millier de postes à Paris, Goldman Sachs envisage d'en transférer autant à Francfort et Lloyds Banking Group d'ouvrir une filiale en Allemagne.

La place financière londonienne commence à entériner le principe d'un Brexit dur. Theresa May, la Première ministre britannique, a confirmé mardi que le Royaume Uni allait bien sortir du marché unique, et qu'un nouvel accord douanier serait noué avec l'Europe. Les banques de la City, la place financière la plus importante d'Europe qui réalise un cinquième de l'activité mondiale du secteur, en prennent acte. Elles multiplient les annonces de délocalisation ces derniers jours.

HSBC a ouvert le bal. La banque dont le siège international se situe à Londres a indiqué qu'elle comptait transférer 1.000 postes à Paris, et 20% des revenus de sa banque d'investissement d'ici à peu près deux ans. Pourquoi Paris? Parce qu'HSBC a déjà une forte implantation en France depuis le rachat du CCF en 2002. Paris s'est donc naturellement imposé.

L'Allemagne plutôt que la France

Ses concurrentes, elles, misent plutôt sur l'Allemagne. L'américaine Goldman Sachs réfléchit par exemple à transférer 1.000 salariés de Londres à Francfort, selon le Handelsblatt. Et l'agence Reuters indique que Lloyds Banking Group envisage d'ouvrir une filiale en Allemagne. Le leader du crédit immobilier en Grande-Bretagne est en effet un cas particulier: c'est la seule banque britannique à ne pas être présente dans d'autres pays de l'Union Européenne. Quant à JPMorgan, elle avait prévenu dès juin qu'elle comptait aussi déplacer un quart de son personnel, soit 4.000 personnes, de Londres vers une autre destination européenne.

Le patron d'HSBC, seule banque à avoir officialisé ses projets, a bien précisé que son siège et toutes ses autres activités, hors banque d'investissement, resteraient basées à Londres. Si les autres groupes bancaires sont sur la même posture, il n'y aura donc pas forcément d'exode massif. 315.000 personnes travaillent actuellement à la City. Quelques 10.000 emplois devraient élire domicile ailleurs en raison du Brexit, estime Xavier Rolet le patron du London Stock Exchange.

Les autres secteurs inquiets

Hors finance, les entreprises implantées outre-Manche appréhendent les suites du Brexit. Ainsi Toyota, qui affirmait pourtant avant le référendum vouloir rester sur le sol britannique quoi qu'il arrive, se montre nettement moins serein. Takeshi Uchiyamada, le président du conseil d'administration du constructeur, s'est inquiété depuis le forum économique de Davos d'une perte de compétitivité de ses activités au Royaume Uni. Toyota y emploie 3.400 personnes.

Côté aérien, la compagnie irlandaise Ryanair envisage pour sa part de supprimer ses lignes intérieures au Royaume Uni plutôt de que s'adapter à une nouvelle réglementation après le Brexit. Elle pourrait en effet être contrainte d'obtenir un certificat d'exploitation aérienne britannique pour poursuivre ses vols domestiques après la sortie de l'Union européenne.

N.G.