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Brexit: le grand exode se prépare à la City

Canary Wharf, l'autre grand centre financier de Londres

Canary Wharf, l'autre grand centre financier de Londres - S nova - Wikimedia Commons - CC

Grande place mondiale de la finance, Londres va devoir faire face à une possible fuite des banquiers en raison des conséquences liées à la sortie de l'UE par le Royaume-Uni. JPMorgan entend déplacer plusieurs milliers de ses postes, HSBC devrait suivre.

S'il y a bien un secteur qui plonge dans l'inconnu avec le Brexit, c'est la finance. Avec la sortie de l'Union européenne, les banques implantées au Royaume-Uni risquent tout simplement de perdre le fameux passeport européen, un précieux sésame permettant à l'établissement de fournir ses services financiers sur l'ensemble du continent européen.

Le Royaume-Uni pourrait en effet de ne plus avoir accès au marché unique européen, François Hollande ayant lui-même menacé Londres d'une telle possibilité avant le vote. Ce qui aurait pour conséquence la perte de ce passeport avec des impacts forts sur la City, le fameux quartier londonien de la finance, où un cinquième de l'activité mondiale du secteur est réalisé selon Standard and Poor's avec 1,25 million de postes. La City "ne va pas mourir mais elle va s'affaiblir", a d'ailleurs prévenu John Cryan, le patron de Deutsche Bank.

Des milliers de postes?

Les grandes banques risquent ainsi de déplacer leurs équipes hors de Londres. Ce week-end, JPMorgan a indiqué que des milliers de postes pourraient être transférés. Jamie Dimon, le patron de la banque, avait évoqué le chiffre de 4.000 personnes avant le vote, soit un quart de son personnel.

On se rappelle que la banque HSBC, elle, avait menacé de transférer pas moins de 1.000 postes de Londres vers Paris en cas de Brexit, soit pas moins de 20% de ses effectifs à Londres.

Morgan Stanley avait, elle, dû démentir une information émanant des médias britanniques comme quoi elle avait déjà décidé de déplacer 2.000 employés de sa banque d'investissement soit à Dublin, soit à Francfort. Rien n'a pour le moment été tranché.

De son côté, comme le rapporte Time, Lloyd Blankfein, le patron de Goldman Sachs a lui écrit vendredi un mail aux employés de sa banque pour tenter de les rassurer. "Il n'y a pas de changement immédiat dans la façon dont nous travaillons", affirmait-il, soulignant toutefois que la banque "a su s'adapter au changement dans l'Histoire" sous-entendant ainsi qu'une période d'ajustement était à venir.

L'alerte d'Osborne

Le chancelier de l'Échiquier (équivalent britannique du ministre des Finances) George Osborne affirmait que des dizaines de milliers d'emplois s'envoleraient de la City en cas de victoire du Brexit. Chiffre qui pourrait même monter à 100.000 selon Xavier Rolet le patron du London Stock Exchange, cité par le Financial Times. Le cabinet KBW estimait lui que les grandes américaines pourraient déplacer plus de 7.000 postes de la City.

Greg Clark, spécialiste en développement des villes au think-tank Brookings Institute, est moins pessimiste. "Le nombre net d'emplois perdus ne sera pas énorme, parce que les entreprises vont se réorganiser plutôt que partir complètement", et de toute façon "Londres restera un bon endroit pour desservir les marchés mondiaux", affirme-t-il, cité par l'AFP.

J.M.