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Brexit: pourquoi les Gafa continuent d'investir massivement à Londres

Google, Apple et Facebook ont décidé d'étendre leur implantation en étoffant leurs équipes à Londres, qui confirme son statut d'épicentre européen pour les nouvelles technologies, malgré la perspective du Brexit.

Les espoirs de Paris ou de Berlin d'obtenir une relocalisation des grandes multinationales technologiques américaines seront douchés. Apple, Google et maintenant Facebook ont, en l'espace de quelques semaines, lancé de lourds investissements pour renforcer leur présence directe à Londres, avec le plus souvent des embauches à la clé.

Ces décisions éloignent un peu plus les craintes d'une perte d'attractivité et d'un exode des firmes du Royaume-Uni depuis le vote pour le Brexit fin juin 2016, qui pourrait avoir comme conséquence une perte de l'accès au marché unique européen.

Le dernier membre des Gafa (hormis Amazon) à avoir confirmé son attirance pour la capitale anglaise est Facebook. Ce lundi 21 novembre, à l'occasion de la conférence annuelle de l'organisation patronale britannique CBI (Confederation of British Industry), Facebook a déclaré qu'il allait ouvrir un nouveau siège à Londres en 2017 et augmenter ses effectifs au Royaume-Uni de 50% en y créant 500 emplois.

Pour Facebook, Londres attire la main d'oeuvre qualifiée

"Nous sommes venus à Londres en 2007 avec une poignée de collaborateurs et d'ici la fin de l'année prochaine nous ouvrirons un nouveau siège et prévoyons d'employer 1.500 personnes au total", a expliqué Nicola Mendelsohn, vice-présidente de Facebook pour l'Europe. Le nouveau siège est actuellement en construction à Fitzrovia dans le centre de la capitale londonienne.

Facebook a ajouté que la plupart des nouveaux emplois seraient des ingénieurs très qualifiés, rappelant que c'était notamment au Royaume-Uni qu'il avait développé le réseau social pour entreprises Workplace, lancé en octobre. Le groupe compte sur la main-d'oeuvre étrangère puisque quelque 65 nationalités sont représentées dans ses effectifs britanniques, que ce soit des ingénieurs, des développeurs, des commerciaux ou dans le marketing. 

Cet investissement de Facebook suit d'une semaine l'annonce de la décision prise par Google de construire un vaste bâtiment dans le centre de Londres, qui pourrait accueillir à terme jusqu'à 3.000 employés supplémentaires, soit un investissement total de 1 milliard de livres (environ 1,7 milliard d'euros). De même, en septembre 2016, Apple a déclaré qu'il installerait dans la centrale électrique désaffectée de Battersea son quartier général londonien, fort de 1.400 employés.

Ces investissements venus de trois des quatre géants américains que sont les Gafa (Google, Apple Facebook, Amazon) consacrent Londres comme capitale technologique.

A priori, ces mastodontes de la technologie ont raisonné en termes de facilités à trouver à Londres un environnement financier, humain et une culture libérale et entrepreneuriale plus qu'au risque d'un accès moins aisé au marché unique de l'UE. D'ailleurs, ces investissements concernent le renforcement de leur implantation locale au Royaume-Uni mais pas la localisation de leur siège européen.

Une étude menée par le European Digital Forum estimait récemment qu'il s'agissait de la ville d'Europe la plus accueillante pour les start-up du numérique, n'en déplaise à Paris ou à Berlin, respectivement 5e et 6e de ce classement (European Digital City Index). Cette enquête met au crédit de Londres l'accès au financement, la culture entrepreneuriale ainsi que la présence d'une main-d'oeuvre qualifiée, observant que "malgré les craintes liées au Brexit, la ville attire encore de grands talents en provenance du monde entier".

"Nous avons l'ambition que le Royaume-Uni devienne le pays où il faut être pour les scientifiques, les innovateurs et les investisseurs dans les technologies", a expliqué Theresa May dans un discours prononcé lors de la conférence du CBI, organisé ce 21 novembre à Londres.

La Première ministre britannique a toutefois immédiatement prévenu: "Nous continuerons d'accueillir les plus brillants et les meilleurs, mais nous ne pouvons faire cela qu'en ramenant l'immigration à des niveaux acceptables".

De leur côté, les entrepreneurs britanniques des nouvelles technologies, TechUK, continuent de s'inquiéter du sort des salariés actuels issus de l'Union Européenne. "Nous avons besoin d'un régime qui autorise la circulation des talents sans entrave. C'est l'avis que partagent les start-up comme les grands acteurs établis" a fait remarquer Julian David, le président de TechUK, cité par le quotidien britannique Financial Times.

Frédéric Bergé avec AFP