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BRICS : Rien ne va plus

Au G20, tout le monde commente les déconvenues diplomatiques de François Hollande et oublie les difficultés économiques des BRICS

Au G20, tout le monde commente les déconvenues diplomatiques de François Hollande et oublie les difficultés économiques des BRICS - -

LA CHRONIQUE ECO - En plein G20, les enjeux politiques occultent les économiques. Tout le monde commente les déconvenues diplomatiques de Hollande et oublie les difficultés économiques des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

Alors que le G20, au départ est plutôit une réunion économoique, à Saint-Petersrburg, l'odre du jour n'est pas vraiement celui-ci. En fait, au départ, il devait être principalement question des problèmes de dettes publiques et privées. Mais deux éléments sont venus bousculer cet ordre du jour. Il y a d’abord les tergiversations politiques autour de la Syrie. Mais surtout, sur le plan économique, l’urgence est clairement la situation des pays émergents, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et la Turquie.

Que se passe-t-il ?

A l’occasion de la récession de 2009, la bonne santé apparente des pays émergents conduisait à parler de basculement du monde. Mais aujourd’hui, ces pays sont à la peine, que ce soit la Chine, l'Inde ou encore le Brésil et la Turquie en proie à des troubles sociaux et politiques violents. Bien qu''ils affichent toujours des taux de croissance très supérieurs à ceux des pays développés, ils connaissent une baisse de régime. En juillet, le FMI a revu les prévisions de croissance les concernant (de 0,3 point pour la Chine, de 0,2 point pour l'Inde et de 0,5 point pour le Brésil). Une première depuis des années. Ces pays connaissent en fait deux problèmes. Le premier est un ralentissement normal de la croissance qui vient de ce que leur dynamisme est et a été fondé sur l’imitation des pays déjà développés, singulièrement les Etats-Unis. Plus ils se rapprochent des Etats-Unis, c'est-à-dire plus leur rattrapage réussit, plus ils se rapprochent des taux de croissance des pays développés qui sont faibles. Le second est l’inflation. Dans ces pays il y a des secteurs très efficaces qui pour attirer la main d’œuvre versent des salaires largement supérieurs aux salaires habituels. Mais les salariés des autres secteurs, les secteurs dits "archaïques", c'est-à-dire à faible productivité comme la fonction publique, le petit artisanat ou la petite propriété rurale ont exigé le même niveau de vie. Les secteurs archaïques ont augmenté leurs salaires et répercuté ces hausses sur leurs prix. D’où l'inflation.

Mais ils accusent les Américains d'être à l'origine de leurs difficultés

La reprise même très modérée de l'économie américaine et les annonces de durcissement de la politique monétaire américaine font monter les taux d’intérêt aux Etats-Unis et y attirent les capitaux. Le taux à 30 ans aux Etats-Unis a dépassé les 4%. Comme les pays émergents paraissent déjà fragiles, cela fait fuir les capitaux de ces pays pour se réfugier aux Etats-Unis. Cette fuite des capitaux fait baisser le taux de change- cet été, c’est la roupie indienne qui a le plus baissé face au dollar, elle a perdu 25% de sa valeur en 6 mois -, ce qui aggrave l’inflation par le prix des importations-comme le pétrole. Il y a alors un danger politique. En Turquie, au Brésil, en Egypte, les émeutes sont nées de l’inflation. Le pays menacé est maintenant l’Inde qui appelle au secours au G20 sans que personne ne semble vraiment s’en préoccuper.

Jean-Marc Daniel