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Bruno Lasserre: "d'importantes concessions pour un rachat de Bouygues par Orange"

Jamais un opérateur historique n'a racheté un concurrent en Europe, a expliqué Bruno Lasserre

Jamais un opérateur historique n'a racheté un concurrent en Europe, a expliqué Bruno Lasserre - -

Un rachat de Bouygues par l'opérateur historique "imposerait d'importantes concessions" de la part d'Orange, a déclaré le président de l'Autorité de la concurrence Bruno Lasserre sur BFM Business.

Le projet de Bouygues Telecom par Orange est abandonné pour l'instant. Mais il poserait d'importants problèmes concurrentiels, à en croire Bruno Lasserre.

"C'est une situation nouvelle qui imposerait des concessions importantes d'Orange s'il poursuivait ce projet", a indiqué le président de l'Autorité de la concurrence jeudi 10 juillet.

En effet, "c'est une configuration inédite en Europe. Il n'y a pas eu [jusqu'à présent] de consolidation du marché des télécoms autour du leader du marché", a expliqué le gendarme de la concurrence sur BFM Business, précisant qu'un tel rachat serait examiné à Bruxelles et non à Paris.

"Je ne suis pas un entremetteur"

Invité du Grand journal d'Hedwige Chevrillon, Bruno Lasserre a admis: "depuis plusieurs mois, beaucoup de gens sont venus me voir, m'ont parlé de projets ou d'idées. Mais je ne suis pas un marieur ou un entremetteur. Je mets en garde. Ce n'est pas à moi de décider s'il doit y avoir fusion, c'est aux entreprises de décider. Je n'ai pas à dire il faut revenir à trois opérateurs. Je n'ai pas de préférence" entre 3 ou 4 opérateurs.

Son rôle? "Nous serons le décideur pour vérifier que la concurrence est suffisamment vive pour maintenir une émulation entre les entreprises au bénéfice des consommateurs".

Selon lui, "l'intensité de la concurrence dépend moins du nombre d'opérateurs que de la qualité et des incitations de ces acteurs", et notamment de la présence d'un opérateur animant le marché -un maverick dans le jargon anti-trust.

Avis au gendarme de l'audiovisuel

Par ailleurs, Bruno Lasserre s'est exprimé de manière laconique sur l'avis qu'il a rendu au Conseil supérieur de l'audiovisuel sur le passage en clair de LCI, Paris Première et Planète+.

"Nous nous sommes penchés sur deux questions. D'une part, quel est l'impact concurrentiel de ce changement de modèle économique? D'autre part, quelles pourraient être les mesures pro-concurrentielles qui pourraient accompagner une décision du CSA?"

Il a ajouté: "il est normal que nous nous soyons penchés essentiellement sur le marché de la publicité télévisée, parce que c'est sur ce marché que l'impact sera le plus fort, naturellement. Il faudrait se répartir un marché qui ne croit pas, qui est quelque peu saturé, qui souffre du fait de la crise. Ca peut poser des problèmes, que nous avons analysés en toute impartialité".

Défense de Bruxelles

En outre, Bruno Lasserre s'est expliqué sur la baisse des sanctions prononcées en 2013 par l'autorité administrative: "sur trois ans, la moyenne mobile reste comprise entre 300 et 420 millions d'euros".

Enfin, il a défendu l'action de Bruxelles en matière de concurrence. "On reproche à la Commission d'empêcher la naissance de géants européens, sans que cela soit documenté. Mais quels sont les cas concrets?", s'est-il interrogé, déplorant qu'on mette sur le dos de Bruxelles l'échec de négociations entre groupes.

Jamal Henni