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Bure, un site d'enfouissement des déchets radioactifs à 25 milliards d’euros

La gendarmerie nationale évacue ce jeudi matin les opposants au projet d'enfouissement de déchets nucléaires de Bure dans la Meuse. Mais au fait, à quoi doit servir ce site hautement stratégique?

La gendarmerie nationale a débuté une opération "visant à mettre fin à l'occupation illégale" du Bois Lejuc, épicentre de la lutte contre le projet Cigéo à Bure dans la Meuse. Un enjeu particulièrement important pour l'État puisqu'il a prévu d'investir 25 milliards d’euros dans Cigéo, le site qui doit accueillir pour plus d’un siècle les déchets des combustibles radioactifs utilisés dans les centrales nucléaires.

Ce projet piloté par l'Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaire (Andra), prévoit d’enterrer à 500 mètres sous terre les déchets les plus radioactifs (3% du total), ainsi que ceux ayant la durée de vie la plus longue.

L'évaluation des coûts de Cigéo a été établie à partir d'une estimation fournie par l'Andra, de l'avis de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et des observations des opérateurs du futur projet, EDF, Areva et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA).

L'Andra prévoit de soumettre sa demande d'autorisation de création de Cigéo en 2019 avant un démarrage de la phase pilote prévu vers 2025.

Les origines du projet

Après le vote en 1991 de la Loi Bataille, qui définit un calendrier pour gérer à long terme les déchets radioactifs, plusieurs options et sites sont étudiées - dans la Vienne, le Gard, et en Meuse et Haute-Marne. Dès 1998, c'est le site Meuse-Haute-Marne qui est choisi pour l'implantation d'un laboratoire souterrain, dont la construction commence deux ans après. En 2006, la loi a retenu définitivement la solution du stockage réversible en couche géologique profonde.

Quels déchets sont concernés?

Cigéo doit accueillir 80.000 m3 de déchets: 10.000 m3 de déchets hautement radioactifs, dits de haute activité (HA) et 70.000 de déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL).

S'ils représentent, selon l'Autorité de sureté du nucléaire (ASN), moins de 10% de la totalité des déchets produits, ils forment plus de 99% de la radioactivité totale, et leur durée de vie avoisine les 100.000 ans. Ces estimations sont fondées sur une prolongation de dix ans de la durée de vie des centrales nucléaires françaises et prennent en compte l'EPR de Flamanville ainsi que l'ITER. Pour l'instant, les déchets sont stockés sur le site d'Areva à La Hague.

Comment seront stockés les déchets?

Les déchets seront vitrifiés, afin d'enfermer la matière radioactive dans du verre, puis insérés dans de gros cylindres métalliques à La Hague, où ils devront passer 40 à 50 ans afin de refroidir suffisamment pour être entreposés en sous-sol.

Ils seront ensuite transportés en train jusqu'à Bure, où ils passeront par une "descenderie", un tunnel en pente à 12%, sur 5 km, qui les mènera 490 m sous terre. Là, chaque "colis", de 500 à 600 kg pièce, sera entreposé dans des tunnels.

D. L. avec AFP