BFM Business
Entreprises

CAC 40 : les gagnants et les perdants de 2018

Safran, champion des performances boursières en 2018 (+22,69%).

Safran, champion des performances boursières en 2018 (+22,69%). - PASCAL PAVANI / AFP

Comme la plupart des bourses européennes, la place parisienne, qui avait démarré l'année du bon pied, a fini par caler face à une explosion d'incertitudes qui a incité les investisseurs à privilégier des valeurs "locomotives".

Le CAC 40 a chuté de 10,95% depuis le 1er janvier, soit sa pire année depuis 2011 (-16,95%), alors qu'il avait progressé de 9% en 2017. Mais il a mieux résisté que nombre de ses pairs européens, en particulier le Dax allemand qui a reculé de 18,3%. La Bourse de Londres a pour sa part perdu 12,48%.
Devant la multiplication des doutes, les investisseurs se sont repliés sur des valeurs dites défensives, moins sensibles aux variations de la conjoncture. Ils ont aussi privilégié les valeurs incarnant la "qualité et l'innovation", indique à l'AFP Yann Azuelos, gestionnaire de portefeuille chez Mirabaud France. Le secteur de la santé s'est globalement "plutôt bien porté". 
En revanche, les valeurs financières, qui font partie des valeurs cycliques très corrélées à la conjoncture, ont souffert des taux bas et du bras de fer entre Bruxelles et Rome sur la dette italienne. Quant aux constructeurs automobiles et leurs équipementiers, ils ont été "massacrés", victimes notamment du retournement du marché mondial, frappés par des normes anti-pollution pour les voitures neuves et par une baisse de la demande, à l'exception notable de Peugeot qui a réussi à tirer son épingle du jeu.

Les grands gagnants

 - Safran (moteurs d'avion, équipements de sécurité, armement) : +22,69% à 105,40 euros depuis le 1er janvier. Le groupe "a bien digéré son acquisition de Zodiac Aerospace" avec "de belles synergies", il a une "bonne visibilité sur son carnet de commandes" et "est capable de passer des hausses de prix", décrypte Yann Azuelos. Il bénéfice d'un marché très porteur avec des fortes commandes aéronautiques.

- Dassault Systèmes (logiciels industriels, de dessin 3D) : +17,06% à 103,70 euros. "Le management a une très bonne vision stratégique", les acquisitions sont "très bien ciblées", leur chaîne de distribution et leur trésorerie nette sont "super solides". Le groupe "a su ne pas être uniquement sensible à un seul acteur industriel", il est très présent dans l'automobile mais aussi dans l'aéronautique.

 - Kering (luxe) : +12,60% à 411,60 euros. Kering s'est recentré l'an dernier sur ses activités Luxe en cédant l'équipementier sportif Puma. Le titre profite du rayonnement international de ses marques (Gucci, Saint Laurent, Bottega Veneta ou Balenciaga) et de ventes ressorties au-dessus des attentes au troisième trimestre. Même en Chine continentale, Kering a affiché au troisième trimestre "la plus forte croissance sur l'année 2018 pour ses trois principales marques".

- Peugeot (automobile) : +9,97% à 18,65 euros. Seule exception d'un secteur globalement sinistré du fait de la guerre commerciale, le groupe a réussi à tirer partie d'une performance solide en 2018, marquée notamment par le redressement d'Opel-Vauxhall.

- L'Oréal (cosmétiques): +8,79% à 201,20 euros depuis le 1er janvier. Le titre "chouchou des Français a surpris en 2018" car malgré le ralentissement en Chine, il a réussi à progresser sur ce marché. Le groupe a "bien positionné ses gammes de produits", il est "présent sur les produits ethniques et le vieillissement de la population". "Une marque unique", avec "une direction super et une politique de redistribution de dividendes", selon M. Azuelos.

Les grands perdants

 - Valeo (équipementier automobile) : le titre a enregistré depuis le 1er janvier la plus forte baisse du CAC 40 (-59,03% à 25,51 euros) et constitue la plus petite capitalisation dans l'indice. La valeur --l'une des plus performantes du CAC en 2017-- a été ébranlée par la guerre commerciale, la hausse des matières premières et des mauvais résultats. L'équipementier automobile a pâti directement de la descente aux enfers des constructeurs. Par ailleurs, il a été sanctionné par un abaissement de ses objectifs annuels en juillet. Le titre s'est alors enfoncé, perdant 50% de sa valeur.

- Atos (informatique) : le titre, qui avait atteint en octobre 2017 un sommet autour de 130 euros, a perdu 41,10% à 71,48 euros depuis le 1er janvier. Cet été, "un décalage comptable a inquiété les investisseurs" et fait baisser le cours. Le groupe a également publié "des résultats jugés décevants" et a revu en baisse en octobre sa prévision de croissance et de rentabilité pour 2018. Parmi ses faiblesses, son "positionnement géographique, sa dépendance à la croissance externe" mais aussi "une forte concurrence", souligne M. Azuelos.

- BNP Paribas (banque): -36,59% à 39,48 euros depuis le 1er janvier. Le groupe bancaire a surtout pâti de son exposition au secteur bancaire italien avec la banque BNL, rachetée en 2000.

- Saint-Gobain (construction/matériaux innovants): -39,57% à 29,17 euros. Le titre a été mis sous pression par des "chiffres de la construction décevants, des effets de grève qui ont retardé quelques contrats, la situation au Brésil et un fort environnement concurrentiel".

- Société Générale (banque): -35,38% à 27,82 euros. Le groupe a souffert, à l'instar du reste du secteur de la remontée des taux d'intérêts et d'un contexte général politique défavorable.

La rédaction avec AFP