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Cancer: comment financer l'explosion des dépenses de santé?  

Les coûts de recherche et développement pour les thérapies ciblées sont très élevés.

Les coûts de recherche et développement pour les thérapies ciblées sont très élevés. - Pascal Pavani - AFP

Les thérapies ciblées contre le cancer coûtent autour de 100.000 euros mais sont plus efficaces. Pour maîtriser le déficit de la sécurité sociale, l'économiste Nicolas Bouzou propose que les remboursements ciblent ces pathologies lourdes, tandis que les complémentaires soient plus sollicités pour les maux du quotidien.

C'est la journée mondiale contre le cancer ce mercredi 4 février. Malgré les progrès thérapeutiques, le cancer reste la maladie qui nous fait le plus peur. Plus d'un Français sur deux redoute d'avoir un cancer (57%). Et il y a de quoi. Chaque année, 355.000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués, révèle l'Institut national du cancer (INCa). Un chiffre en progression.

Heureusement, les laboratoires et instituts de recherche mettent au point des traitements de plus en plus innovants. Mais ces fameuses thérapies ciblées coûtent très cher et l'assurance maladie ne peut plus suivre.

"Grâce à des thérapies ciblées, nous voyons des durées médianes de survie qui s'allongent considérablement. Du point de vue économique, une thérapie ciblée est un médicament qui va cibler un type de cancer très particulier et pour lequel vous avez des coûts de recherche et développement très importants mais vous avec un marché relativement faible", explique Nicolas Bouzou, économiste et fondateur du cabinet de conseil Asterès sur BFM Business. "Quand vous mettez sur le marché une chimiothérapie classique, vous pouvez l'utiliser pour un grand nombre de pathologies. Une thérapie ciblée est pour un petit groupe de patients".

Faire baisser les prix

Il faut, donc d'un côté, maitriser le déficit de la sécurité sociale et de l'autre permettre aux patients de bénéficier des meilleurs traitements. Une équation quasi-insoluble, comme l'a montré l'exemple du Sovaldi, le médicament miracle contre l'hépatite C, qui coûte à lui seul plus d'un demi-milliard d'euros à l'assurance maladie.

Dans le domaine du cancer, les traitements ciblés avoisinent les 100.000 euros par patient et par an. Les dépenses de santé vont exploser dans les 15 prochaines années. C'est une réflexion qu'il faut lancer sans panique, selon l'économiste Claude Lepen.

Il y a des marges de manœuvre pour faire baisser les prix. Faire une chimiothérapie à domicile coûte moins cher qu'une hospitalisation par exemple. Nicolas Bouzou, lui, va plus loin. Il demande de réserver les remboursements de la sécurité sociale qu'aux pathologies les plus lourdes et veut "faire monter en charge les complémentaires santés sur les choses moins importantes" comme les gastro-entérite ou la grippe. Mais surtout, il estime qu'il va falloir "chercher de l'argent ailleurs dans le système de santé. Il faut le réorganiser pour trouver des moyens".

Hélène Cornet avec BFMBusiness.com