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Carburant propre, le gaz naturel souhaite séduire les Français

Carburant propre, le GNV n'est disponible que dans peu de stations et utilisable par très peu de modèles. (image d'illustration)

Carburant propre, le GNV n'est disponible que dans peu de stations et utilisable par très peu de modèles. (image d'illustration) - Lionel Bonaventure - AFP

"Carburant alternatif à l’essence ou au diesel, le gaz naturel pour véhicules connaît une diffusion confidentielle en France. Pour y remédier, les acteurs de cette filière ont décidé d’investir 200 millions d’euros d’ici à 2020."

Peu connu des Français, le gaz naturel pour véhicules (GNV) se présente pourtant comme une alternative moins polluante que les carburants traditionnels. En réalité, le GNV n’est pas un produit nouveau. Sous cette appellation commerciale se cache tout simplement du gaz naturel. C’est-à-dire principalement du méthane. Il s'agit donc du même combustible que celui déjà distribué à des millions de foyers pour répondre, par exemple, à leurs besoins en chauffage. 

Utilisé en tant que carburant automobile, le GNV permettrait, face au gazole, de réduire de 10% les émissions de dioxyde de carbone et de 70% celles d’oxyde d’azote. En outre l’émission de particules fines serait inexistante, selon l’Association française du gaz naturel pour véhicules (AFGN) qui ambitionne d'alimenter plus de 30.000 véhicules avec ce carburant à l'horizon 2020. Jean-Claude Girot, son président, le souligne : "Le gaz a un vrai rôle à jouer dans le mix énergétique des transports".

Dans le plan qu’elle vient de dévoiler, cette association projette qu’un parc de 11.000 poids-lourds et 20.000 véhicules utilitaires roulent au gaz naturel en 2020, contre à peine 13.000 véhicules aujourd’hui. L’AFGN préconise aussi l’implantation de 200 nouvelles stations distribuant ce carburant propre, alors que seules une quarantaine d’installations en disposent actuellement.

La France en retard par rapport à ses voisins européens

Pour parvenir à cet objectif, il faudra investir en France 200 millions d’euros, "portés en grande partie par des acteurs privés". Une somme importante qui témoigne du retard pris par la France vis-à-vis de ses voisins de l’Union européenne sur ce sujet. "Nous sommes clairement en retard en France sur le nombre de véhicules qui circulent et sur le nombre de stations" reconnaît auprès de l'AFP Thierry Trouvé, le directeur général de GRTgaz, distributeur en France de gaz naturel. 

Selon des données publiées par le Comité des Constructeurs Français d'Automobiles, au cours des deux dernières années, seuls 73 véhicules particuliers fonctionnant au GNV ont été immatriculés dans l’Hexagone. À titre de comparaison, en Italie, plus d’un million de véhicules roulent déjà avec ce carburant. En Allemagne ce sont environ 100.000 automobilistes qui l’utilisent.

Les constructeurs automobiles à la traîne 

Du côté des constructeurs automobiles, et plus particulièrement chez les marques tricolores, on peine à s'intéresser à ce type de carburant. D'une part, la taille du marché actuel n'incite pas ces entreprises à investir pour adapter ou créer de nouveaux moteurs. En outre, les choix opérés pour les prochaines années visent à accroître le développement des motorisations hybrides ou 100% électriques. 

La balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui, en application d'une directive européenne devra dévoiler avant la fin de l'année sa stratégie de déploiement concernant les infrastructures pour carburants alternatifs comme le GNV, le biogaz ou encore l'hydrogène. 

Antonin Moriscot