BFM Business
Transports

Carlos Ghosn: "Ni Google, ni Apple ne vont devenir des constructeurs"

Carlos Ghosn était l'invité de Good Morning Business ce 30 septembre.

Carlos Ghosn était l'invité de Good Morning Business ce 30 septembre. - BFM Business

Le patron de l'alliance Renault-Nissan a expliqué ce vendredi sur BFM Business pourquoi il n'avait pas peur des géants de la Tech et a tenté de lever les doutes quant aux émissions de ses véhicules diesel.

À l'occasion du salon mondial de l'Automobile à Paris, le PDG de l'alliance Renault-Nissan était l'invité de la matinale de BFM Business ce vendredi 30 septembre. Il y a abordé les dossiers chauds ou non du moment concernant l'industrie de l'automobile en général, et son groupe en particulier.

Sur la menace potentielle que représentent les géants de la tech par exemple. Carlos Ghosn n'a toujours pas peur. "Je les prends au sérieux dans leur rôle", souligne le PDG de l'alliance franco-japonaise. Mais "la manière dont c'est présenté -Apple va devenir un grand constructeur, nous allons devenir des dinosaures-, c'est caricatural", estime-t-il. Selon lui, "il y a une coopération qui va se faire entre constructeurs et géants de la tech".

Une coopération telle que les constructeurs ont l'habitude d'entretenir: "Le constructeur auto n'a jamais eu vocation à tout faire tout seul. Nous avons des centaines de fournisseurs. Pour aller vers la voiture connectée et la voiture autonome, nous avons besoin d'un certain nombre de fournisseurs. Nous venons de signer un accord avec Microsoft pour aller beaucoup plus vite dans le sens de la connectivité", rappelle-t-il. Mais "ni Google ni Apple ne vont devenir des constructeurs automobiles. Ce qui les intéresse, c'est la technologie qui va aller dans la voiture", assure-t-il.

"Qui occupe le terrain de l'électrique? C'est nous"

L'autre gros sujet actuel, c'est la voiture électrique, alors que le débat sur la pollution des transports fait rage. Et là, Carlos Ghosn ne se prive pas d'une petite dose d'autosatisfaction: "Beaucoup de constructeurs annoncent de nouveaux modèles, des nouveaux records d'autonomie, des parts du chiffre d'affaires qu'ils comptent atteindre en électrique. Ça, c'est l'avenir. Maintenant quelle est la réalité aujourd'hui? Qui occupe le terrain de l'électrique? C'est nous! Nous avons 50% du marché, nous en avons vendu plus de 350.000 et la Zoé avec 300 kilomètres d'autonomie, c'est maintenant", se félicite-t-il.

"Nous avons été les premiers à dire que la voiture électrique faisait partie de l'industrie auto de demain. C'était en 2007". Qu'est-ce que cela leur apporte d'avoir été les premiers? "Nous avons 350.000 véhicules électriques Renault et Nissan qui tournent dans le monde. Ils rapportent une somme d'informations extrêmement utiles qui est en train d'orienter le développement des futurs modèles électriques puisque nous savons comment les clients sont en train de l'utiliser".

Renault n'a pas triché assure Ghosn

Dernier enjeu auquel est confronté le monde de l'auto: lever les doutes sur les émissions de Co2 des véhicules. Après Volkswagen, Renault a été soupçonné d'avoir menti sur les émisssions réelles de ses véhicules diesel. Une accusation que Carlos Ghosn rejette totalement. "Il n'y a qu'un seul constructeur qui a triché en implantant un logiciel truqué dans ses moteurs. C'est Volkswagen".

Comment se fait-il que les moteurs diesel de Renault affichent en conditions réelles des niveaux d'émissions jusqu'à 20 fois supérieurs à ceux constatés lors des homologations? "Sans parler de diesel, regardez n'importe quelle voiture à essence et les niveaux de consommation annoncés. Selon la façon dont vous conduisez, vous pouvez avoir une consommation qui double ou qui triple, et donc des émissions de Co2 qui vont bien au-delà de ce qui est annoncé", martèle Carlos Ghosn.

Le diesel ne va pas mourir

"Donc pour le diesel, il y a une différence de niveau d'émissions entre le moment de l'homologation et en conditions réelles. Mais tout le monde le savait dès le départ. Comment se fait-il qu'on émette 5 fois, 10 fois, 15 fois plus en conditions réelles? Notre réponse est: quel est le niveau d'émissions maximum possible? La communauté européenne a répondu qu'elle allait mettre des règles. Ils les ont mis. Elles vont s'appliquer à partir de 2017".

Ces nouvelles règles vont provoquer un "renchérissement du coût des véhicules diesel" assure-t-il, prédisant "une baisse du pourcentage de voitures diesel vendues en Europe". Pour autant, cette motorisation n'est pas promise à une disparition totale. "La baisse sera très sélective: sur les petites voitures, le diesel ne va pas pouvoir tenir la compétition vis-à-vis des moteurs à essence, voire des modèles hybrides ou électriques. En revanche, sur les voitures de moyenne ou haute gamme, on continuera à avoir du diesel".

N.G.