BFM Business
Conso

Carrefour se relance dans la bataille de l'ouverture dominicale

(image d'illustration)

(image d'illustration) - Philippe Huguen - AFP

Retoqué en début d'année par les syndicats, le plan de Carrefour pour ouvrir ses hypermarchés le dimanche matin pourrait bientôt aboutir, le groupe leur ayant présenté un nouveau projet d'accord.

L'ouverture dominicale des hypermarchés Carrefour, c'est peut-être pour bientôt. Le groupe de la grande distribution négocie, depuis la rentrée, avec ses syndicats un nouveau projet d'accord. Le texte est mis à la signature des syndicats (FO, CFDT, CGT, CFE-CGC) jusqu'au 23 novembre, selon les mêmes sources. Mais la CFDT souhaite un allongement de ce calendrier.

Le chantier des ouvertures dominicales avait été relancé en septembre, dans la foulée de l'arrivée d'Alexandre Bompard aux commandes du distributeur. À l'occasion de ses premières rencontres avec les syndicats, il avait averti que "les ouvertures se feraient en fonction de la concurrence" et qu'il n'était "plus possible de (lui) laisser les parts de marché".

Avec le passage en location-gérance de plusieurs hypermarchés, confirmée fin octobre aux syndicats, les ouvertures dominicales font partie des pistes du plan de relance dont l'annonce, prévue initialement d'ici la fin de l'année, n'interviendra finalement que le 23 janvier.

Un premier projet retoqué 

En janvier dernier, Carrefour avait échoué à faire valider un projet d'accord sur le sujet. Le texte remettait en cause un accord d'entreprise qui, à la différence de concurrents comme Auchan ou Casino, verrouille les ouvertures dominicales, exception faite des dimanches dits "du maire".

La direction, tout en assurant qu'elle n'entendait pas ouvrir tous ses hypermarchés tous les dimanches, avait aussi refusé de fournir aux syndicats une liste des magasins ciblés.

Cette fois, les discussions ont porté sur la négociation d'un accord cadre national, qui définit les contreparties financières, l'organisation et les conditions de travail. Mais la décision de l'ouverture elle-même est renvoyée localement, avec un avis du comité d'établissement.

"Les concurrents ont accru leur pression"

Une liste de 31 magasins, choisis pour cause de concurrence accrue localement avec d'autres enseignes ouvrant déjà le dimanche, a été transmise aux organisations syndicales. 

Un changement de paradigme qui modifie la donne. Autant FO (majoritaire dans le groupe) se disait défavorable à un accord qui "libérerait d'un coup tous les magasins", comme l'expliquait en octobre son représentant Michel Enguelz, autant une ouverture validée localement semble un garde-fou plus satisfaisant. 

"Les concurrents ont accru leur pression", observe aussi FO, dont les syndicats avaient voté en janvier à 85,72% contre le précédent projet d'accord. "Economiquement parlant, on est dans l'obligation d'essayer d'ouvrir les dimanches", estime aussi Thierry Faraut (CFE-CGC).

La CGT reste fermement opposée au projet 

Sylvain Macé (CFDT) juge intéressant qu'"on redonne la main concrètement aux salariés sur le terrain". Pour autant, la CFDT n'a "pas encore pris de décision", souligne-t-il, et "va recueillir l'avis de ses sections", d'où son souhait d'un allongement du calendrier à début décembre. 

Quant à la CGT, elle reste opposée à l'ouverture le dimanche qui met à mal "l'organisation de la société du vivre-ensemble et du jour de repos commun à la famille". La liste de 31 magasins est "provisoire", fait valoir son représentant Franck Gaulin, qui s'inquiète aussi pour les commerces (coiffeur, pharmacie, banque...) des galeries marchandes autour des hypermarchés.

Le texte prévoit pour les volontaires une majoration de 100%, contre 80% proposés l'an dernier (la loi fixe un minimum de 30% pour les commerces alimentaires) et une aide à la garde d'enfants ou de personnes âgées dépendantes. Des embauches de salariés dédiés à la fin de semaine sont aussi programmées. 

A.M. avec AFP