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Casino : la pression reste entière

Jean-Charles Naouri, PDG du Groupe Casino

Jean-Charles Naouri, PDG du Groupe Casino - ERIC PIERMONT / AFP

Nouvelles mises en cause par un important fonds spéculatif, dégradation de sa note, méfiance des analystes... le groupe Casino doit affronter une nouvelle tempête boursière, alors même que sa situation fondamentale était en amélioration ces derniers mois.

Rien n'y fait. Malgré les clarifications et les propos rassurants, les opérateurs de marché restent méfiants vis-à-vis de Casino. Et malgré une baisse qui approche les 50% depuis le 1er janvier, on trouve très peu de monde pour prendre les paris et acheter sur les niveaux actuels.

Il faut dire que le mal est fait depuis un bon moment. Le groupe est sous pression depuis quasiment 3 ans, attaqué sur sa santé financière réelle par le fonds spéculatif Muddy Waters, qui l'accuse de truquer ses comptes pour dissimuler son endettement réel. Dernier épisode en date, le fondateur du fonds, Carson Block, déclarant que Casino n'avait pas déposé en temps et en heure les comptes d'une de ses filiales, Casino Finance.

Note de crédit fragilisée

Malgré des propos plutôt rassurants de la part de la direction de Casino, parlant d'une situation financière maîtrisée et de déclarations conformes à la réglementation, le groupe doit affronter une nouvelle crise de confiance, après la dégradation de sa note de crédit par l'agence Standard and Poor's. Cette dernière a revu à la baisse sa notation long terme de BB+ à BB, note sous surveillance avec implication négative, donc à priori dans le sens d'un nouvel abaissement à venir. La raison de cette dégradation : l'agence estime les ratios d'endettement trop élevés pour sa notation depuis 2 ans, malgré un environnement plus favorable et le programme de cession d'actifs. Une fragilité qui menace l'ensemble de la galaxie Casino, notamment sa holding financière Rallye.

Facteur "risque" trop important

Casino a beau tenter de rassurer sur sa santé en prenant acte de la décision, en estimant que l'agence avait omis de prendre en compte une importante cession de plus d'un milliard d'euros, l'enchaînement de mauvaises nouvelles relève malgré tout du jamais vu pour Casino, qui doit désormais composer avec des cours de bourse au plus bas depuis quasiment 22 ans.

Tous les intervenants sont positionnés désormais à découvert, ce qui amplifie les mouvements violents sur le titre, et l'empêche de se ressaisir alors que certains acteurs boursiers y voient tout de même une belle opportunité d'achat. Mais le facteur "risque" semble prendre le dessus et alimenter la défiance autour du groupe. Crédit Suisse n'a pas attendu la décision de Standard And Poor's ni les tweets de Muddy Waters la semaine dernière pour réduire son objectif de cours de 25% à 31,65 euros.

Structure trop complexe

Selon la banque, même si la rentabilité du groupe s'améliore peu à peu, Casino va avoir du mal à générer la trésorerie nécessaire au versement de son dividende. Et ce dernier étant la principale source de financement de sa holding Rallye, c'est donc l'ensemble de la galaxie Casino qui est menacée. Une structure complexe, décriée depuis quelques années par l'ensemble de la communauté financière, qui rend possible non seulement les doutes sur sa santé financière réelle, mais qui alimente également la spéculation.

L'agence Bloomberg a d'ailleurs révélé que BNP Paribas avait lancé dans ses salles de marché des produits financiers de type CDS, pour se couvrir contre d'éventuelles défauts de financement de sa dette. Au delà de ses fondamentaux en amélioration, des cessions d'actifs, c'est donc plus du côté de la simplification de sa structure financière que Casino est désormais attendu. En attendant une éventuelle initiative à ce sujet, le titre Casino sous-performe très largement ses concurrents, Carrefour par exemple ne perdant qu'autour de 15% depuis le début de l'année.

Antoine Larigaudrie