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Le casse-tête de la Fed

Ben Bernanke est face à un dilemme.

Ben Bernanke est face à un dilemme. - -

La Réserve Fédérale américaine (Fed) se réunit ce mardi 18 et mercredi 19 juin. Ses membres envisagent une réduction des liquidités injectés chaque mois dans l'économie américaine. Reste à savoir quand.

"C'est comme s'il avait un énorme pistolet dans la main. Seul lui peut s'en servir, mais il ne sait pas viser, il ne voit donc le résultat qu'une fois qu'il a tiré". C'est par ces mots que Philippe Sabbah, président du gérant d'actif Robeco, décrit la situation à laquelle fait face Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed).

L'institution entame ce mardi 18 juin sa réunion de politique monétaire, qui s'achèvera mercredi 19 juin. Et affirmer que les marchés sont suspendus aux lèvres de son président est un doux euphémisme: "la façon dont les marchés réagissent à sa parole est extraordinairement sensible. A la virgule près, ses propos sont disséqués, analysés pour essayer de comprendre ce qu'il a bien pu vouloir dire", a rappelé Philipe Sabbah dans l'émission Intégrale Bourse du 17 juin.

Ben Bernanke va ainsi marcher sur des œufs. Plusieurs membres de la Fed, dont lui le 22 mai dernier, ont laissé entendre que le rythme des injections de liquidités déversées chaque mois par la Réserve fédérale va ralentir.

85 milliards de dollars injectés chaque mois dans l'économie

Tout les mois, l'institution achète pour 85 milliards de dollars (69 milliards d'euros) de titres sur les marchés, à raison de 45 milliards de dette d’Etat et 40 milliards de titres basés sur des créances immobilières.

"Pour fonctionner, l’économie a besoin de liquidités, la monnaie étant la contrepartie des échanges. Il s’agit donc pour la Fed d’assurer que le niveau de [ces liquidités] est suffisant pour permettre l’activité économique", rappelle, dans une note, Alexandra Estiot, économiste chez BNP Paribas. La Fed abonde donc l'économie de ces liquidités pour faire baisser les taux, dynamiser le crédit et soutenir la reprise américaine. Mais elle envisage désormais d'en réduire le débit.

Le problème est de savoir quand. Ralentir trop tôt la perfusion risquerait de créer un vent de panique sur les marchés. Les bourses oscillent déjà du vert au rouge au gré des anticipations sur l'action de la Fed. Mais cette dernière ne peut mener éternellement cette politique au risque de compromettre l'efficacité de sa politique monétaire.

Pour plus tard?

Pour le moment les économistes ne s'attendent pas à ce que Ben Bernanke choisisse brutalement de diminuer l'action de la Fed dès cette réunion. "Notre hypothèse est que la Fed va attendre la réunion de septembre. Le mouvement de baisse commencera alors par une réduction très modeste des rachats de titres à 65 milliards de dollars par mois [contre 85 milliards actuellement, ndlr]", explique Paul Ashworth, chef économiste chez Capital Economics.

La reprise encore fragile de l'économie serait l'un des motifs qui justifierait cette décision. Il est vrai que le chômage américain, contre lequel la Fed lutte, s'établit à 7,6% quand la Fed vise 6,5%.

Paul Ashworth estime également que la Fed stoppera ses injections d'ici à la fin 2014. Ben Bernanke ne sera alors porbablement plus en fonction. Son mandat s'achève en janvier 2014, et Barack Obama, qui nomme le président de la Fed, a laissé entendre , ce mardi, qu'il avait fait son temps au sein de l'institution.

Julien Marion