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Ce financier va confier la direction de son entreprise à une machine

Pour Ray Dalio, fondateur et PDG de Bridgewater Associates, les décisions ne doivent pas être prises sous le coup de l’émotion et seule une intelligence artificielle en est capable.

Pour Ray Dalio, fondateur et PDG de Bridgewater Associates, les décisions ne doivent pas être prises sous le coup de l’émotion et seule une intelligence artificielle en est capable. - Larry Busacca - Getty Images North America/AFP

Président-fondateur du très puissant fonds spéculatif Bridgewater Associates, Ray Dalio a laissé 5 ans à ses chercheurs pour concevoir une intelligence artificielle capable de le remplacer. Cette machine sera notamment chargée des recrutements et des licenciements.

Savoir déléguer en faisant confiance à ses collaborateurs. Ce pilier du management n'a visiblement pas cours chez Bridgewater Associates. Ray Dalio, le président de ce très puissant fonds spéculatif, qui gère 160 milliards de dollars, estime qu'aucun de ses cadres ne dirige son entreprise aussi bien que lui lorsqu'il doit s'absenter. Et que le seul collaborateur à qui il pourrait faire confiance n'est pas un être humain, mais une intelligence artificielle.

En 2015, il a donc constitué une unité de développeurs et de mathématiciens pilotée par David Ferrucci, un ancien d’IBM qui a travaillé sur Watson. Dotée d'un budget de plusieurs millions de dollars, cette équipe est chargée de concevoir cette intelligence artificielle qui saura exécuter ses ordres à la virgule près mais aussi prendre des décisions à sa place, de façon froide et rationnelle. Ray Dalio est en effet persuadé que les êtres humains se laissent trop souvent troublés par leurs émotions dans leur vie professionnelle, comme le rapporte le Wall Street Journal.

Un management basé sur la "transparence radicale"

Si tout se passe comme prévu, ce parfait adjoint 2.0 devrait commencer à le seconder dans cinq ans. Le dirigeant, qui aura alors 72 ans, estime à 75% la part des décisions stratégiques qui pourront être confiées à cette intelligence artificielle. Cette machine se verra notamment confier le recrutement et les licenciement des salariés de Bridgewater Associates. Ces derniers ne tombent néanmoins pas des nues. La déshumanisation est en marche depuis longtemps dans cette entreprise de 1.200 salariés. Soucieux d'instaurer une "transparence radicale", Ray Dalio a par exemple fait installer un dispositif numérique lui permettant de savoir tout ce qu’il se dit lors des réunions et des conversations téléphoniques auxquelles il ne participe pas.

Selon des témoignages recueillis par le Wall Street Journal, 20% des recrues quittent l’entreprise avant la fin de leur première année. Mais le patron s'en fiche éperdument. Ceux qui ne peuvent supporter ses méthodes n'ont pas le profil requis pour qu'on leur confie des responsabilités.

Aux États-Unis, Ray Dalio n’est pourtant pas perçu comme un hurluberlu. Ce financier est au contraire considéré comme un gourou de l’économie depuis la publication d’un ouvrage expliquant les principes qui font tourner "la machine économique". Cette méthode dévoilée aux néophytes dans une vidéo, aurait été suivie par nombre de dirigeants américain parmi lesquels Bill Gates, qui estime que "ces connaissances pourraient nous aider tous, en tant qu’investisseurs ou citoyens".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco