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Le scandale Volkswagen résumé en 10 questions

Le constructeur automobile est au coeur d'une incroyable polémique. BFM Business fait le point sur l'affaire.

Depuis vendredi 18 septembre, Volkswagen est au cœur d'une incroyable polémique. Le géant de l'automobile est accusé d'une fraude monumentale. Pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire, BFM Business vous propose de l'aborder en répondant à 10 questions.

Comment Volkswagen a fraudé?

Un petit logiciel espion enclenche -à l'insu des conducteurs- un mécanisme interne de limitation des gaz polluants permettant au véhicule de passer le test sans encombre et de se voir décerner un certificat de bonne conduite écologique.

Une fois le test fini, le mécanisme anti-pollution se désactive et le véhicule libère alors dans l'atmosphère davantage de gaz polluants, et notamment du dioxyde d'azote (ou NOx) réputé être à l'origine de graves maladies respiratoires dont l'asthme.

Qui a découvert la supercherie?

La fraude a été découverte par l'International Council on Clean Transportation. Cette organisation non-gouvernementale basée aux Etats-Unis et en Allemagne a alerté des chercheurs de l'université de Virginie Occidentale qui, après des tests indépendants, ont mis au jour d'étranges écarts entre les émissions réelles et déclarées de gaz. 

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Combien de véhicules sont concernés?

Selon les autorités américaines qui ont révélé l'affaire, Volkswagen avait doté quelque 482.000 véhicules vendus aux Etats-Unis de ce logiciel sophistiqué. Mais ce mardi 22 septembre, le constructeur a révélé qu'en fait ce sont 11 millions de véhicules dans le monde qui sont équipés du dispositif. Le trucage concerne tous les moteurs diesel de type EA189.

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Pourquoi Volkswagen a pris tous ces risques?

"C’est cette course avec Toyota qui leur a fait griller ce feu rouge, analyse Meissa Tall, spécialiste des marchés automobiles au cabinet Kurt Salmon. Ils sont au coude à coude depuis des années et Volkswagen a voulu prendre l’avantage en s’imposant aux Etats-Unis".

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Que risque Volkswagen?

Le géant allemand risque potentiellement une amende pouvant aller jusqu'à 18 milliards de dollars (soit environ 16 milliards d'euros) ce qui représenterait environ 1,5 fois son bénéfice de 2014 (10,9 milliards d'euros). Même si certains experts pensent que la somme que le groupe a provisionné ce mardi (6,5 milliards d'euros) sera suffisante pour couvrir le coût financier de sa tricherie.

Par ailleurs, son image auprès des consommateurs, risque d'avoir du plomb dans l'aile.

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Ce que risquent les autres marques automobiles?

Les conséquences pourraient s'étendre à d'autres acteurs de l'industrie automobile, mais il est difficile aujourd'hui de dire si Volkswagen est le seul à avoir utilisé ce type de logiciel. "Il y a des doutes aujourd'hui", admet Carlos Ghosn, PDG de Renault, qui assure n'être "pas si inquiet que ça".

De son côté, le ministre allemand des Transports a affirmé ce mardi qu'il n'avait "aucune indication" que d'autres constructeurs que Volkswagen aient truqué leurs moteurs en Allemagne.

Le président d'honneur de Renault, Louis Schweitzer, a réagi mardi dans BFM Story au scandale Volkswagen. "Je ne vois pas Peugeot et Renault faisant ce genre de fraude parce que ce n'est pas dans leur culture de tromper le consommateur. Je n'imagine pas connaissant les ingénieurs de ces entreprises qu'ils acceptent de s'engager dans une fraude délibérée. C'est la plus grande fraude de l'histoire automobile", a-t-il déclaré. 

Néanmoins, Pascal Pennec, rédacteur en chef adjoint du magazine Autoplus, qui était sur le plateau de BFMTV, estime que des véhicules sont "peut-être" truqués en France.

Qui va mener l'enquête?

En Allemagne, le gouvernement a ordonné des "tests approfondis" sur tous les modèles diesel de Volkswagen.

En Italie, le ministère des Transports a annoncé qu'il allait ouvrir une enquête et réclamer des explications auprès du constructeur allemand Volkswagen et de l'Office fédéral de l'automobile (KBA).

En France, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal a annoncé ce mardi le lancement d'une enquête "approfondie". Le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) est favorable à l'ouverture d'une enquête qui "permettra de confirmer que les constructeurs français respectent les procédures d'homologation en vigueur dans tous les pays où ils opèrent".

La Commission européenne a jugé, elle, "prématurées" des "mesures de surveillance immédiates" en Europe. "Des enquêtes sont en cours au sein de Volkswagen ainsi qu'aux Etats-Unis et en Allemagne", a réagi une porte-parole de la Commission, dans une réponse écrite à l'AFP.

Aux Etats-Unis, l'agence fédérale de l'environnement (EPA) a révélé l'affaire et a ouvert une enquête. Une autre, pénale, a également été lancée.

La Corée du Sud, très présente sur le marché américain avec Kia et Hyundai a également décidé d'agir. Des représentants de Volkswagen ont été convoqués par le gouvernement sud-coréen pour discuter des contrôles antipollution sur les véhicules du groupe.

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Qu'en disent les dirigeants politiques?

Angela Merkel a réclamé à Volkswagen "une totale transparence" et des explications rapides. "Il s'agit maintenant de faire preuve d'une totale transparence, d'expliquer l'ensemble du processus (...) J'espère que les faits viendront sur la table le plus vite possible".

Le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron, a appelé à "clarifier au plus vite".

Michel Sapin estime qu'une enquête est nécessaire sur les autres constructeurs européens.

Et Volkswagen?

Le patron de Volkswagen, Martin Winterkorn, s'est dit "infiniment désolé" pour la "faute" commise par le groupe, mais il entend rester à son poste.

De son côté, Michael Horn, PDG de Volkswagen America, a déclaré: "on a totalement merdé".

Comment réagit la Bourse?

Comme souvent dans ce genre de scandale, les marchés financiers s'emballent. Le titre de Volkswagen a perdu 19,82% mardi pour finir à 106 euros. Sur deux jours l'action du groupe qui dispute à Toyota le titre de numéro 1 mondial de l'automobile a perdu 35% de sa valeur. Ce sont ainsi 25 milliards d'euros qui se sont évaporés en deux jours, l'équivalent de la capitalisation boursière de Renault.

Diane Lacaze