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Transports

Ce qu'on économiserait en faisant voler les avions sans pilote

35 milliards de dollars par an... C'est la somme que pourrait économiser le transport aérien en recourant à des technologies permettant de faire voler les avions sans pilote. De quoi baisser les prix et améliorer la rentabilité des compagnies. Reste à convaincre les passagers.

Après le low cost, les compagnies aériennes vont-elles trouver avec les technologies "sans pilote" une nouvelle méthode pour rester rentables tout en baissant leurs tarifs? On peut le penser à la lecture de l'étude menée par la banque suisse UBS. Selon les experts qui ont planché sur ce scénario, l'économie réalisée serait colossale et améliorerait de surcroît la sécurité des vols. Au total ce sont pas pas moins de 35 milliards de dollars (29,8 milliards d'euros) par an qui pourraient être économisés par l'ensemble des transporteurs aériens (aviation commerciale, fret, aviation d'affaires, transferts en hélicoptère).

Pour parvenir à cette estimation, l'étude dresse le bilan des coûts directs et indirects liés aux pilotes: salaire, formation, assurance mais aussi les coûts de kérosène dus à un pilotage humain considéré comme non optimal. L'automatisation des avions de ligne supprimerait toutes ces charges.

22 milliards d'économies rien que pour les avions de ligne

À l'heure actuelle, la rémunération des pilotes représente une dépense totale de 26 milliards de dollars (22 milliards d'euros) dans l'aviation civile commerciale, auxquels il faut ajouter 3 milliards dans l'aviation d'affaires et 2,1 milliards pour les vols d'hélicoptère, soit 31 milliards au total. S'y ajoutent les coûts de la formation et les frais d'assurance, estimés à 3 milliards et l'optimisation des caractéristiques du vol qui générerait une réduction du coût du kérosène d'environ 1 milliard de dollars.

Comme le montre l'infographie ci-dessous, les technologies permettant de réduire, voire de supprimer, la présence de pilotes dans le cockpit durant le vol, pourraient, en théorie, être aisément déployées au cours des vingt prochaines années.

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- © L'évolution vers les vols sans pilotes s'étalera entre 2020 et 2040-Estimations d'UBS

Il est probable qu'il y aura une résistance aux avions sans pilote, compte tenu du potentiel de pertes d'emplois. Néanmoins, les avions sans pilote réduiraient probablement la pression pour trouver de futurs pilotes. L'étude cite Mike Sinnett, vice-président chargé du développement des produits de Boeing, pour qui "les éléments de base de la technologie sont clairement disponibles."

Pour les compagnies aériennes, l'avantage induit par la disparation des pilotes dans les cockpits serait énorme. Leurs bénéfices avant intérêts et impôts en seraient littéralement dopés: +56% pour EasyJet, 52% pour Air France-KLM mais seulement +21% pour IAG (British Airways et Iberia).

Enfin, selon les auteurs de l'étude, "Il est probable qu'il y aura une résistance aux avions sans pilote, compte tenu du potentiel de pertes d'emplois". Les syndicats de pilotes risquent notamment d'opposer une résistance farouche à l'approche de cette perspective.

Les plus frileux seraient les Allemands et les Français

En revanche, pour le passager, l'argument d'une baisse du prix du billet risque de ne pas être suffisant. L'étude conduite par UBS estime que les prix des billets pourrait ainsi baisser de 11% sur les vols aux Etats-Unis, et d'environ 4% en Europe. Mais "étonnamment, la moitié des personnes interrogées déclarent qu'elles n'achèteraient pas un billet d'un avion autonome même si c'était moins cher", relève l'étude de la banque suisse.

Au-delà des considérations technologiques et économiques, le principal obstacle à l'émergence des avions de ligne sans pilote, est cette réticence des passagers. Selon un sondage réalisé par la banque suisse, sur 8.000 personnes sondées, 54% déclarent qu'ils ne voudraient pas prendre place dans un avion autonome. Et seulement 17% des personnes interrogées s'y déclarent favorables. Les plus frileux seraient les Allemands et les Français. Et, toutes nationalités confondues, ce sont les jeunes (25-34 ans) qui sont les plus enclins (30%) à prendre place dans un avion autonome alors que les plus âgés, au-delà de 45 ans, y sont les plus défavorables.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco