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Ce que change la méga-commande d'Iran Air pour Airbus

Iran Air a annoncé ce jeudi 28 janvier un accord pour une commande de 118 avions à Airbus, dont douze A380. De quoi redonner un peu de visibilité à l'avionneur sur la production de son super Jumbo.

Le terme "méga-commande" est parfois un peu galvaudé dans l'aéronautique. Mais quel autre mot peut mieux décrire l'accord noué entre Iran Air et Airbus ce jeudi 28 janvier?

La compagnie publique iranienne compte en effet acheter pas moins de 118 avions à l'avionneur européen, pour une commande au prix catalogue dépassant les 25 milliards de dollars, soit plus de 23 milliards d'euros.

Dans le détail, le document signé ce jeudi à l'occasion de la visite à Paris du président iranien Hassan Rohani à Paris porte sur 21 A320, 24 A320 neo (la nouvelle version remotorisée de l'avion), 27 A330, 18 A330 neo, 16 A350 et surtout 12 A380. Pour donner un ordre d'idée les 16 A350 et les 12 A380 représentent respectivement 6,4 milliards et 5,2 milliards de dollars au prix catalogue.

Le premier A380 sera livré d'ici à 2019 et l'ensemble des livraisons sera étalé sur huit ans, les premiers appareils devant arrivés au cours des prochains mois , selon la Tribune.

Des rabais énormes

Certes, une porte-parole d'Airbus explique qu'il s'agit "d'accords de principes" qui devront ainsi attendre quelques mois avant d'être réellement comptabilisés dans le carnet de commandes de l'avionneur. De plus, les montants évoqués plus hauts sont ceux qui figurent dans le catalogue officiel.

Or les gros contrats de ce type font l'objet de rabais souvent très forts et dont les montants exactement ne sont jamais divulgués par les avionneurs, qui invoquent le secret commercial. "Les remises sont ultra-variables selon le client et le modèle. Nous estimons qu'elles dépasse souvent les 40%", explique Yan Derocles, analyste du secteur aéronautique chez Oddo.

Il n'empêche que du côté de Toulouse, au siège Airbus, le déblocage du marché iranien prend un tour spectaculaire. Si le constructeur européen n'a jamais eu de mal à vendre ses A320, assemblés à Hambourg, il n'en va pas de même pour les A330 et les A380, qui, eux, font tourner le site toulousain. Yan Derocles le souligne, en commandant 27 A330 classique, Iran Air "aide Airbus a assuré la transition avec la production de l'A330 neo", explique-t-il.

L'avenir de l'A380 plus serein

La commande de 12 A380 est encore plus importante pour Airbus, qui, l'an passé, a bien failli ne vendre aucun exemplaire de son gros porteur. À la toute dernière minute, en décembre, il avait enregistré une commande de 3 exemplaires d'un client dont l'identité n'avait alors pas été révélée. On sait depuis ce vendredi 29 janvier qu'il s'agit d'ANA. Ce qui constitue, au passage, une autre bonne nouvelle pour Airbus qui n'était jamais parvenu jusqu'alors à vendre l'A380 à une compagnie aérienne japonaise.

Certes ses inquiétudes sur ce programme "ne disparaissent pas avec la commande d'Iran Air mais cela donne un peu de visibilité à Airbus", juge Yan Derocles. L'analyste estime que ces 12 unités permettent de gagner environ 6 mois, alors que, selon ses estimations, l'avionneur a besoin de produire 22-23 A380 par an pour que le programme soit à l'équilibre. Le 12 janvier dernier, le patron d'Airbus Fabrice Brégier se réjouissait d'ailleurs qu'avec 27 A380 livré en 2015, l'équilibre financier était atteint pour la première fois.

Mais, surtout, avec Iran Air Airbus démontre sa capacité à attirer d'autres clients qu'Emirates, qui représente actuellement un peu moins de 50% des A380 du carnet de commande de l'A380. Et cela permet "peut-être reporter un peu le besoin d'une version neo pour Airbus", considère Yan Derocles. Cette nouvelle version avec un moteur plus économe en carburant est réclamée à cor et à cri par Emirate. Si Fabrice Brégier a assuré qu'un tel appareil serait "inévitable" dans les prochaines années, il affirmait en novembre ne pas le voir arriver avant au moins 2022 voire 2023.

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