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Ces banques attaquent Washington qui les accuse de blanchiment

Des deux petites banques sont soupçonnées par Washington de blanchiment d'argent

Des deux petites banques sont soupçonnées par Washington de blanchiment d'argent - Raul Arboleda-AFP

Deux petites banques dont la Banca Privada d'Andorra (BPA) traînent en justice les autorités américaines qui les taxent de blanchiment d'argent. Une première.

C'est un peu David contre Goliath. Deux petites banques méconnues, l'un africaine, FBME et l'autre européenne, Banca Privada d'Andorra (BPA) ont décidé de traîner devant les tribunaux les autorités américaines qui les accusent de blanchiment d'argent.

Elles ont intenté des actions séparées devant une juridiction de Washington D.C, la capitale des Etats-Unis. Elles contestent une décision du ministère des Finances (Trésor) et de son unité de renseignements FinCEN les désignant entités facilitant le blanchiment d'argent illicite.

"D'ordinaire, les institutions financières essaient de trouver un accord mais là elles n'ont rien à perdre", confie l'ex-procureur fédéral reconverti avocat Jacob Frenkel pour qui le Trésor a prononcé "la peine de mort" contre BPA et FBME.

La décision du régulateur signifie en effet que les deux établissements, qui ont une clientèle de multinationales, sont interdits de réaliser directement ou indirectement des transactions en dollars.

Le couperet est tombé le 10 mars dernier pour BPA et le 29 juillet pour FBME qui a réussi à obtenir un sursis de la justice américaine mais la procédure se poursuit.

Un administrateur liquide les actifs de BPA

BPA n'a pas eu cette chance. Bank of America, Citigroup, HSBC et Wells Fargo, qui effectuaient souvent les opérations en dollars pour le compte de BPA, ont immédiatement fermé ses comptes, explique l'établissement andorran dans sa plainte.

Résultat: un administrateur indépendant a été chargé de liquider les actifs de la banque andorrane. Banco Madrid, sa filiale espagnole et la plus importante, a été acculée à la faillite.

"Les responsables de haut niveau de BPA étaient corrompus et les faibles procédures de contrôle de la banque en matière de lutte contre le blanchiment ont fait d'elle un véhicule facile (...) pour acheminer les bénéfices du crime organisé, de la corruption et du trafic des êtres humains dans le système financier américain", explique Jennifer Shasky Calvery, la directrice de FinCEN.

La FBME, fondée par des frères libanais, est accusée d'avoir notamment blanchi de l'argent pour le compte d'un financier du Hezbollah en 2008 et pour l'entité controversée syrienne The Scientific Studies and Research Center, énumère-t-elle dans sa plainte.

Des comptes pourtant audités par de grands cabinets

La banque, dont le coeur d'activité est à Chypre, aurait aussi monté des sociétés écran pour le compte d'un fils du président de la Guinée équatoriale en 2011 et 2012.

"FBME ne cherche pas à dire que des transactions qu'elle a effectuées n'ont pas soulevé des interrogations (...) Mais les transactions auxquelles fait référence FinCEN (...) avaient été identifiées par la banque elle-même qui les avait résolues", se défend l'institution dont le holding est basé dans les îles Caïmans. Mi-2014, FBME avait pour environ 2 milliards de dollars d'actifs sous gestion, tandis que BPA affirme que sa filiale espagnole était évaluée à 253 millions d'euros avant sa liquidation.

"La capacité de BPA à effectuer les transactions en dollars est cruciale pour son modèle économique", avance la banque andorienne, qui proposait une large gamme de services financiers allant des prêts à la gestion d'actifs à des Argentins voulant se prémunir de la forte volatilité du peso.

Pour attester de leur bonne foi, BPA et FBME attirent l'attention de la justice américaine sur le fait que leurs comptes ont été audités par les éminents cabinets KPMG et Deloitte pour la première et KPMG et EY (ex-Ernst & Young) pour la seconde. 

BFM Business avec AFP