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Ces chantiers informatiques qui rendent folles les entreprises

"La moitié des chantiers informatiques lancés dans le public ou le privé, comme un nouveau logiciel de paie ou de gestion des congés, débouche sur un fiasco. Et dans la majorité des cas, ce sont les 7 mêmes erreurs qui mènent à l'échec. Voici comment l'éviter. "

Tremblez dans vos open space: votre entreprise expérimente un nouveau logiciel de paie. Ce chantier numérique a une chance sur deux d’aboutir à une catastrophe. Dans les entreprises privées, comme dans les administrations, la moitié des projets informatiques n’aboutissent jamais. Et le budget initial explose. C’est ce qu’affirment Jean-Michel Palagos et Julia Maris, les auteurs de “Diriger en ère de rupture”, un livre qui s'intéresse aux crashs numériques des entreprises pour tenter d’en tirer les leçons.

Dans l'ouvrage, les auteurs, par ailleurs dirigeants de l'entreprise de défense DCI analysent en particulier un ratage monumental, un modèle du genre: le fiasco Louvois.

Le jeu des 7 erreurs 

Souvenez-vous, c'est ce logiciel installé en 2010 pour gérer la paie des militaires. Il devait tout simplifier, il a débouché sur une catastrophe: les calculs étaient faux, certains militaires n’étaient plus payés. Finalement, le logiciel ne pourra jamais automatiser la paie, mais son déploiement et la gestion du fiasco ont quand même coûté des centaines de millions d'euros à l'État. 

Les auteurs, dont l'un faisait partie de l'équipe ministérielle chargée d'enquêter sur les circonstances de l'échec Louvois, en tirent un bilan surprenant: à chaque fois qu'un projet informatique capote, une même succession d'erreurs des décideurs, des chefs de projet, des salariés, mène à l’échec. Les 7 mêmes erreurs se retrouvent systématiquement.

Il y a par exemple les objectifs contradictoires. Concernant Louvois, l’objectif politique -le gouvernement voulait des résultats rapides- est entré en conflit avec l’objectif initial d'automatiser la paie, un processus qui prenait du temps. La machine a été lancée à toute vitesse, sans test préalable. Aucun essai à petite échelle, donc le fiasco a tout de suite pris une dimension énorme.

Les salariés doivent donner des feed-back

Autre erreur fatidique: quand personne ne chapeaute le projet. Chacun s’occupe d’une “brique”, une seule fonctionnalité du programme, mais personne n’a de vision d’ensemble. Dans le cas de Louvois, les fonctionnaires chargés des différentes briques ont bien remarqué les dysfonctionnements. Mais ils n’avaient personne à qui remonter leur feed-back.

Les auteurs listent aussi des erreurs comme l'absence d'objectif précis auquel doit mener le projet, le mauvais timing, l'illusion technophile qui laisse penser que la technologie est une solution en soi qui ne nécessite pas d'humain derrière, l'oubli du droit à l'erreur et le dogme d'absence d'alternative. Un cocktail explosif.

Alors pour en revenir à nous et pour bien aider notre entreprise à réussir son chantier numérique, on peut par exemple regarder nos nouvelles fiches de paie. S’il y a des erreurs, il faudra s’assurer que l’information remonte bien à la personne qui saura prendre des décisions. D’ailleurs, vous pouvez le faire même si le logiciel n’est pas nouveau: une fiche de paie sur 4 comporte des erreurs.

Nina Godart