BFM Business
Energie

Ces inventeurs qui veulent rendre l'air des villes aussi pur que celui des campagnes

La ville de Lyon lors d'un épisode de pollution en décembre 2016.

La ville de Lyon lors d'un épisode de pollution en décembre 2016. - Philippe Desmazes - AFP

La pollution est une vraie plaie pour les citadins, qui voient leur qualité de vie et leur santé affectées. Des innovations tentent de rendre l'air de ces agglomérations plus respirables.

Selon l'agence Santé publique France, la pollution atmosphérique en France entraîne une perte d’espérance de vie pouvant dépasser deux ans dans les villes les plus exposées, et provoque plus de 40.000 décès par an. Dans des pays comme la Chine ou l'Inde, la dégradation de la qualité de l'air est encore plus dramatique. Et les conséquences sur la santé publique, en toute logique, bien plus graves. Ainsi, en Inde, les décès liés à la pollution ont bondi de 737.400 en 1990 à 1,09 million en 2015.

Les autorités publiques ont naturellement leur part de responsabilités pour faire baisser cette pollution, en privilégiant des énergies vertes, en durcissant les normes environnementales pour l'industrie, en abaissant les vitesses de circulations ou encore en lançant des programmes d'incitation pour mettre au rebut les véhicules les plus anciens. Mais des designers, des cabinets d'architectes, des ingénieurs s'emparent également du problème et planchent sur des solutions, à plus petite échelle, qui pourraient participer à rendre l'air plus respirable. Tour d'horizon de ces innovations.

Des aquariums en forme de colonne Morris

Leurs silhouettes bigarrées par les affiches de spectacle font partie du paysage parisien. Mais la biotech Fermentalg, en partenariat avec Suez, a revisité l'usage de ces colonnes en les transformant en "puits de carbone". La colonne, haute de 4 mètres, héberge un aquarium d'environ 1M3 où se développent des micro-algues. Sous l'effet de la lumière (naturelle et complétée par des Led), elles capturent le gaz carbonique de l'atmosphère afin de rejeter un air dépollué. Quant à la biomasse issue des algues, elle est extraite tous les 2 ou 3 jours via les réseaux d'assainissement, pour ensuite être valorisée dans les stations d'épurations en biométhane. Selon ses concepteurs, ce puits est en mesure de fixer une tonne de C02 par an. Des chiffres qui vont pouvoir être vérifiés lors d'une expérimentation qui en cours dans le XIVème arrondissement de Paris. 

-
- © capture BFM Paris

Un mur de plantes

En ville, il est difficile de trouver la place pour planter des centaines d'arbres, qui participeraient à rendre l'air plus respirable. Green City Solutions, une start-up allemande, a mis au point un mur végétal de 16m2 qui aurait la capacité de filtrer autant que 275 arbres. Sur chaque City Tree, ce sont 1600 plantes (choisies en fonction des conditions locales) qui sont installées pour filtrer les particules fines et le dioxyde d’azote.

Autre avantage, ce dispositif permet de rafraîchir l'air dans un rayon de cinq mètres. Les passants qui veulent profiter au maximum de ses avantages peuvent faire une pause à son pied, grâce aux deux bancs installés dans le mur. Le dispositif est autonome en énergie grâce à des panneaux solaires et l'arrosage est assuré grâce à une réserve d'eau qui capte l'eau de pluie. Ce mur végétal coûte aux alentours de 25.000 euros. Paris, Berlin ou encore Oslo, Bruxelles et Hong Kong ont déjà testé ces City Trees.

-
- © Green City Solutions

Les cyclistes mis à contribution

C'est une idée de l'inventeur néerlandais Dann Roosegarde: concevoir un vélo qui purifie l'air. Ce Smog Free Bicyles reprendrait la technologie de purification d'une de ses précédentes inventions, la Smog Free Tower. Cette dernière aspire l'air ambiant et grâce à un procédé d'ionisation positive, parvient à retenir près de 75% des polluants présents dans l'atmosphère. Pour le vélo, encore au stade du concept, le dispositif serait miniaturisé pour être accroché au guidon, l'alimentation étant fournie par les mouvements de pédale et des capteurs solaires. Grâce à ce dispositif, le cycliste serait assuré d'avancer dans un air sain.

-
- © Smog Free Bicyles

Des maisons qui offrent un air pur à leurs habitants

L'air pollué ne se concentre pas uniquement à l'extérieur, il règne aussi dans les habitations. Le cabinet new-yorkais SO-OL a conçu une maison totalement novatrice baptisée Mini-Living Breathe, qui a été exposée à Milan. Cette structure légère est composée d'une armature métallique couverte par un tissu semi-opaque qui possède des propriétés de filtration de l'air. Le toit terrasse, où sont cultivées des plantes et des arbustes, participe lui aussi à la qualité de l'air respiré par les habitants.

-
- © SO-OL

Du béton comme arme anti-pollution

Ce n'est pas forcément le matériau qui est le plus apprécié du point de vue esthétique, mais le béton a des atouts que la pierre ou le verre n'ont pas. Notamment, il est capable de dépolluer l'air grâce à la photocatalyse, mais à des doses infimes. Différents chercheurs ont donc travaillé à développer cette capacité. Certains se sont penchés sur la conception de dallage urbain. La société espagnole PVT, a ainsi développé une gamme baptisée "Ecorganic", un nouveau matériau qui peut absorber les particules fines présentes dans l’air pollué.

Le béton utilisé pour la construction des bâtiments vise aussi le même but, rendre l'air plus respirable. L'architecte Michele Molè a travaillé avec la firme Italcimenti pour parer l'un de ses bâtiments d'un ciment composé d'agrégats recyclés et aux facultés dépolluantes. Lafarge-Holcim planche aussi sur un béton dépolluant qui pourrait être utilisé dans les tunnels pour réduire les émanations de dioxyde de carbone.

C.C.