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Ces "pizzas" libyennes qui mettent la Société Générale dans l'embarras

Société Générale est accusée de corruption par le fonds souverain libyen.

Société Générale est accusée de corruption par le fonds souverain libyen. - Bertrand Langlois - AFP

Le fonds souverain libyen accuse la banque française d’avoir versé des pots-de-vin pour que, sous Kadhafi, l'État investisse dans ses produits financiers. Et pour appuyer ses accusations, elle met en avant d’étranges échanges entre employés de la SocGen.

Accusée de corruption par le fonds souverain libyen, Société générale pourrait devoir s’expliquer sur certains échanges que l’on qualifiera de peu communs. Ces derniers sont mentionnés dans des documents que le fonds a fourni à la Haute Cour britannique, devant laquelle la Société Générale est poursuivie pour avoir versé de présumés pots-de-vin à une société liée à la famille Kadhafi.

Pour rappel, la Libyan Investment Authority (LIA) avait investi, dans les années 2000, près de 2 milliards de dollars dans plusieurs produits financiers proposés par banque française. Dans le même temps, la Société Générale avait sollicité les services d’une société de conseil, baptisée Lenaida et domiciliée au Panama. Et lui avait versé au moins 58,5 millions de dollars, selon LIA. Or, celle-ci était à l’époque contrôlée par Walid Giahmi, proche de la famille Kadhafi.

Le fonds souverain libyen –qui, entre temps, a changé de direction- estime cependant qu’aucun conseil ou service n’a été fourni par Lenaida, et que ce versement était en fait un pot-de-vin. Ce que conteste la Société Générale.

"Le boulanger" et les "Men in Black"

Sauf que les documents fournis par LIA à la Haute Cour britannique font mention d’échanges peu communs entre des employés de la banque, révèle Business Insider. Ces derniers auraient eu recours à un langage codé: ainsi, l’ex-directeur de LIA aurait été surnommé "le boulanger", l’ancien responsable des investissements "Zorro", et les services secrets libyens les "Men in Black".

Un employé de la Société Générale aurait également, lors d’une conversation avec un supérieur, tenu des propos étranges: "Je lui ai dit : "pour acheter la pizza, je vais te dire…ce n’est pas le type de cuisine habituel, il s’agit plutôt de les aider à acheter… les pizzas".

Des éléments troublants, même si la banque nie avoir utilisé un quelconque code –de même qu’elle réfute toute accusation de corruption. Le procès, lui, devrait avoir lieu en janvier 2017.

Y.D.