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Cette année, le Père Noël est tricolore

Les fabricants de jouets français luttent.

Les fabricants de jouets français luttent. - Frederick Florin - AFP

Les fabricants de jouets misent sur le "made in France" pour doper leurs ventes. Ils espèrent que 10% des jouets vendus en Hexagone soient français.

Même le Père Noël se met au "Made in France". Pour continuer à exister face aux poids lourds étrangers du secteur, les fabricants de jouets de l'Hexagone espèrent doper leurs ventes de Noël en vantant le fabriqué en France. La méthode se veut simple mais efficace: dès le 15 octobre, des affichettes avec un Père Noël à la hotte de cadeaux affublée d'une cocarde tricolore seront disposées près des jouets fabriqués en France dans les rayons de quelque 900 magasins de jouets sur le territoire national, comme ceux de La Grande Récré, King Jouet, JouéClub ou encore Toys "R" Us.

La jeune association des créateurs-fabricants de jouets français (ACFJF), à l'origine de cette opération de sensibilisation dévoilée mardi à Paris, espère atteindre un niveau de 10% de jouets français vendus sur le marché domestique dès cette année, contre 7% seulement actuellement. Car "50% des actes d'achat (de jouets, ndlr) se décident sur le point de vente", relève Véronique Debroise, présidente de Sentosphère, une société de jeux éducatifs et de loisirs créatifs basée en région parisienne. "Je pense qu'il faut jouer sur le +Made in France+, d'abord les consommateurs y sont sensibles, et les médias s'intéressent au problème", estime Serge Jacquemier, le président de l'ACFJF et directeur général de Vulli, entreprise de Rumilly (Haute-Savoie) spécialisée dans les jouets pour la petite enfance, dont la figurine vedette en latex "Sophie la girafe".

900 emplois

L'association, qui regroupe 24 marques produisant en France, prévoit d'autres actions à l'avenir pour développer la filière hexagonale, notamment à l'export. Un futur pavillon français au Salon du jouet de Nuremberg (sud de l'Allemagne), le grand rendez-vous international de la branche qui a lieu chaque année fin janvier, est par exemple envisagé. "On commence à discuter avec Business France", l'opérateur public au service de l'internationalisation de l'économie française, indique Serge Jacquemier.

L'industrie du jouet en France représente actuellement quelque 900 emplois et 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires, dont une part non négligeable à l'export oscillant entre 30 et 60% selon les marques. L'ACFJF milite également pour un allègement des normes qui pénalisent d'après elle le secteur du jouet en France : "Les normes, c'est tous les 15 jours un nouveau texte, alors qu'on aurait besoin de stabilité, de sérénité pour pouvoir se projeter, investir, avoir une vision à moyen terme", plaide Serge Jacquemier.

La filière française souffre en outre d'un "handicap au niveau du prix de revient" en raison de cotisations salariales plus élevées qu'ailleurs, estime-t-il. Hormis quelques grands noms comme Meccano, Smoby ou Vulli, la filière française est principalement composée de PME de quelques dizaines d'employés chacune, présentes notamment dans les jouets en bois, les jeux de société ou les loisirs créatifs. Mais le secteur comprenait plus de 200 entreprises avant le raz-de-marée des jouets importés de Chine à partir des années 1990, rappelle Alain Ingberg, ancien président de Meccano et vice-président de l'ACFJF.

La Chine produit plus de 80% des jouets

Aujourd'hui encore, la Chine produit plus de 80% des jouets vendus dans le monde. Pour se démarquer de la concurrence étrangère, la plupart des entreprises françaises du secteur mettent déjà en avant l'origine nationale de leurs jouets. C'est le cas de Heller, fabriquant normand de maquettes qui met un drapeau tricolore sur ses boîtes depuis "quatre ou cinq", selon son directeur général délégué Eric David.

D'autres vantent aussi la dimension "écologique" de leurs produits, comme par exemple Jeujura, Jouécabois et Mécabois, des marques de jeux en bois issu de forêts gérées durablement. Jouécabois et Mécabois, dont les produits sont fabriqués dans une scierie familiale en Bretagne, jouent aussi sur la nostalgie en ressuscitant des jeux d'antan, comme le palet breton. Et beaucoup d'entreprises font valoir leur flexibilité et leur réactivité pour approvisionner le marché français: "En cas de pic de commandes, on peut réagir en deux à trois semaines, alors qu'un conteneur venant d'Asie met plusieurs mois", affirme par exemple Eric David.

D. L. avec AFP