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Cette provocation du PDG d'Alibaba ne va pas plaire aux marques de luxe

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- - AFP

"Dans une interview au Financial Times, Jack Ma affirme que les produits de contrefaçon sont souvent de meilleure qualité que les originaux. Déjà dans le viseur de Kering, Alibaba va finir par se faire beaucoup d'ennemis."

C'est une déclaration que ne goûteront guère les grandes marques occidentales. Selon le Financial Times [article payant], Jack Ma aurait ainsi assuré lors d'une réunion au siège d'Alibaba à Hangzhou que la lutte contre la contrefaçon était d'autant plus compliquée aujourd'hui que les produits contrefaits sont souvent de meilleure qualité que les originaux. Alors que les marques de luxe pointent régulièrement du doigt le manque de coopération de sites comme Taobao (groupe Alibaba) pour leur tolérance envers les contrefaçons, la sortie de Jack Ma ne peut qu'être assimilée à une provocation par ceux qui voient leurs créations copiées sans vergogne.

"Le problème de la contrefaçon aujourd'hui c'est qu'elle est de meilleure qualité et à un meilleur prix que les vraies marques, assure-t-il. Ces produits sont fabriqués dans les mêmes usines avec les mêmes matériaux mais n'utilisent simplement pas le même nom."

Il ne s'agit pas pour autant de la part de Jack Ma d'accepter la prolifération des produits contrefaits. Pour le patron d'Alibaba c'est plus un constat doublé d'un aveu d'impuissance. "Nous devons protéger la propriété intellectuelle et nous devons tout faire pour stopper la contrefaçon, reconnaît-il. Mais les sous-traitants font des produits de plus en plus qualitatifs et à des prix plus attractifs", explique-t-il.

Alibaba exclu de la coalition anti-contrefaçon

Cette sortie de Jack Ma intervient au moment même où Alibaba doit faire face à une action en justice menée par Kering. Le géant français du luxe (Yves Saint Laurent, Gucci, Puma...) l'accuse d'encourager la contrefaçon et d'en profiter. En mai, le géant chinois du e-commerce a même été exclu de la Coalition internationale anti-contrefaçon (IACC), une association qui l'avait accepté en tant que membre quelques semaines plus tôt, au grand dam de Gucci et Michael Kors qui avaient alors quitté la coalition. L'association a donc préféré exclure Alibaba.

En fait, si le site chinois assure lutter contre la contrefaçon, son patron semble tenir un double discours. "La façon de faire du business a changé pour les marques, explique Jack Ma. Ce n'est pas la contrefaçon mais les règles sur la propriété intellectuelle qui les détruit. C'est le nouveau business model d'internet qui révolutionne le monde." Le patron d'Alibaba souhaiterait voir émerger des marques chinoises parce que, selon lui, le partage des revenus est aujourd'hui inégal entre les fabricants asiatiques qui ont un savoir faire et les marques internationales qui en tirent les plus gros profits.

Frédéric Bianchi