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Cette huître connectée qui protège les parcs ostréicoles contre le vol 

Une PME vendéenne a créé un faux mollusque en plastique bardé d'électronique pour lutter contre les vols d'huîtres. Avec sa coquille en plastique gris-vert et immergée avec les vraies huîtres, ce leurre protège déjà des parcs ostréicoles.

Les vols d'huîtres sont la hantise des ostréiculteurs à l'approche des fêtes de fin d'année. Pour y remédier, l'anti-vol électronique débarque dans les parcs à huîtres par l'entremise d'une jeune société vendéenne. Basée à La Roche-sur-Yon et créée en 2015, Flex Sense a développé une huître connectée en plastique bardée de capteurs qui détecte tout mouvement déclenché en cas de vols de mollusques. 

Chaque année, plusieurs dizaines de tonnes de coquillage sont dérobées dans les parcs ostréicoles. Cette délinquance exaspère les producteurs d'huîtres, contraints de recourir régulièrement à des sociétés de gardiennage ou à des systèmes de vidéosurveillance pour veiller sur leur parc.

"Comme on ne peut pas surveiller tout le littoral, il faut faire preuve d'innovation. L'huître connectée n'est peut-être pas la solution idéale, mais c'est une piste à exploiter", explique à l'AFP, Gérald Viaud, ostréiculteur en Charente-Maritime et président du Comité national de la conchyliculture. Quant à l'efficacité du mollusque anti-vol, il jugera sur pièce "quand un voleur ou une bande se fera piéger".

Pour développer un système électronique taillé pour la surveillance des parcs ostréicoles, la société s'est appuyée sur son savoir-faire en matière de télémétrie maritime et de capteurs capables de communiquer par ondes radio. "Il a fallu relever deux défis : concevoir un objet qui soit à la fois neutre pour le milieu maritime et doué d'une longue autonomie électrique" explique Emmanuel Parlier, biologiste marin de formation.

Résultat: la société vendéenne réussit à mettre au point une "vraie-fausse" huître connectée produite par un sous-traitant vendéen, AMS Seriplast. Avec sa coquille gris-vert en relief, elle a tout d'une vraie huître. Mais, dans sa coque en plastique, elle est bardée d'électronique et de capteurs (pour détecter les mouvements, notamment) tout en étant adaptée au milieu maritime.

Économe en énergie, résistante à la pression, l'huître connectée peut, selon ses concepteurs, être immergée pendant 60 mois sans rechargement. Cette innovation est soutenue par une bourse FrenchTech et par BPIFrance.

Ces huîtres connectées peuvent être géolocalisées avec précision grâce à un réseau d’antennes-relais installées sur le littoral.
Ces huîtres connectées peuvent être géolocalisées avec précision grâce à un réseau d’antennes-relais installées sur le littoral. © Flex Sense

Camouflée dans une poche à huîtres, le coquillage "mystère", parfaitement étanche, envoie, alors qu'il est mêlé aux lots d'huîtres immergées, une alerte dès qu'il est bougé et relevé à l'air libre. L'alerte est répercutée vers les antennes radio implantées sur le littoral, prévenant l'exploitant du parc à huîtres de ce mouvement impromptu.

Perfectionnement supplémentaire, ces antennes permettent de géolocaliser ces huîtres connectées à trois mètres près, par la technique de la triangulation (effectuée à partir de trois antennes). S'y ajoute la mesure de l'intensité du signal radio émis, pour calculer la distance entre l'antenne et l'huître connectée afin d'en déduire où elle se trouve. 

La start-up loue ses huîtres connectées aux producteurs

Le zone maritime ostréicole de l'appellation Marennes-Oléron, en Charente-Maritime, est en cours d'équipement de ces antennes. "Avec 7 antennes nous couvrons 75% de la zone" explique le président de Flex Sense.

Les premiers prototypes de ces mollusques factices équipent déjà certains parcs ostréicoles français. Leur déploiement à plus grande échelle, notamment dans le bassin de Marennes-Oléron, le plus important d'Europe, est prévu pour février 2017.

La société commercialise son huître mystère auprès des conchyliculteurs selon le principe de la location entretien pluriannuelle, au tarif de 10 euros/mois par objet connecté. Le succès est au rendez-vous puisque après seulement une année d’existence, la start-up vendéenne va engranger son premier million d'euros de chiffre d'affaires.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco